On ne rappellera jamais assez quelle bonne influence exerce le collectif JauneOrange sur le rock de la région liégeoise. Hollywood Porn Stars et Malibu Stacy font déjà figures d’aînés à l’heure où les premiers se sont déclinés en Piano Club et MLCD (My Little Cheap Dictaphone) et où les seconds annoncent leur concert d’adieux aux Francos de Spa.
Les enfants sont déjà là, piaffant d’impatience. Redboy de MLCD a produit Roscoe et Anthony Sinatra fait de même avec le premier album de Pale Grey.
Pale Grey, au départ, c’est un duo formé par Gilles Dewalque et Maxime Lhussier qu’on retrouve aussi au sein de Dan San.
Citons également, dans l’écurie liégeoise, Gaëtan Streel – qui travaille pour un peu tout le monde – Elvy, Experimental Tropic Blues Band ou Superlux.
En mai 2011, Pale Grey a publié un premier EP suivi d’une soixantaine de dates de concerts un peu partout en Europe. Car c’est ça aussi la force de JauneOrange : un vrai réseau de développement : « En Wallonie, on a vite fait le tour, reconnaissent Gilles et Maxime. Le fait de se produire à l’étranger suscite aussi un jugement plus neutre par rapport à notre musique. Il s’agit de réactions sincères. Du coup, on se convainc que notre musique, ouverte et sans contraintes de style, a certaines qualités. On est plus des amateurs de musique que des musiciens. On ne vise pas un style particulier. C’est dur d’avoir un regard sur nos propres morceaux. Notre musique est le résultat d’heures de bidouillage sans savoir à quoi ressemble le résultat final. Certains morceaux du disque ont deux ou trois ans. On passe beaucoup de temps dessus. »
De Malmedy à Liège
C’est ça aussi l’avantage d’enregistrer à la maison, sans être mis sous la pression d’une location de studio. Pale Grey ne se donne pas de limites. Il expérimente sans trop savoir ce qui va en sortir. Raison pour laquelle la musique de Pale Grey est difficile à définir. L’utilisation de l’électronique pour une pop aux teintes folks les rapproche d’un Alt-J, Notwist, Phoenix ou Metronomy (qu’eux-mêmes citent), mais avec un côté plus artisanal encore.
Gilles et Maxime sont originaires de Malmedy. Amis d’enfance, ils commencent, ados, à faire de la musique à deux avant d’être attirés par la galaxie liégeoise : « D’un point de vue musical, la scène de Malmedy est inexistante. Donc, on sortait à Liège, à l’Escalier, au Fiacre et à la Soundstation. On finit par y croiser les mêmes personnes, celles qui partagent avec vous les mêmes références musicales. C’est comme ça que naissent les “side projects”. Le principe de JauneOrange, c’est : “ensemble, on est plus forts”. Il n’y a pas de collectif comparable ailleurs en Belgique. Mais il y a d’autres acteurs à Liège, comme Été 67 ou Fabrice Lamproye des Ardentes et de Ronquières. »
Tout cela décomplexe un vivier liégeois dont ne cessent d’émerger de nouvelles personnalités : « Au départ, nous étions fans de Hollywood Porn Stars. Aujourd’hui, leur batteur Benoît Damoiseau est aussi le nôtre. Et Anthony a été notre aide-coach lors d’une résidence. Il a dénoué pas mal de nœuds. Il voulait d’abord faire un test “mix”. Ce qui est chouette chez lui, c’est qu’il agit sur ce qui nous bloquait. On n’arrêtait pas de mettre des couches et des couches et lui mettait le doigt pour épurer. Sans s’immiscer dans la compo de façon intrusive. Il n’imposait rien. »
Pale Grey, ce sont de grands émotifs, surtout quand ils choisissent deux chiens au regard mélancolique pour résumer leur musique. Best Friends, ce sont eux, liés par une amitié comparable à celle qui lie Gilles et Maxime. Et toute cette scène liégeoise dont on n’a pas fini d’entendre parler.
Pale Grey sera à de nombreux festivals (Ardentes, Dour, Ronquières, BSF, Deep in the Wood…) avant la Nuit du Soir du 19 septembre au Botanique.
Thierry Coljon
TCThierry
14 juin 2013 à 11 h 39 min
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