A Dour, on écoute aussi des textes ! Si ! Certes, la journée a commencé sous les déflagrations de Raketkanon, ou pour d’autres avec le rock garage des Marvin Gays, mais sur le coup de 15h20, dans une Boombox à peine ventilée, c’est un Veence Hanao très convaincant qu’on est allé voir. Ben oui, pour lui, c’était pas gagné d’avance !
Jouer à Dour, il voyait ça comme un défi plutôt que comme un piège. Comprenez : proposer un projet « à texte » au public pour le moins festif qui arpente la Plaine de la Machine à Feu, effectivement, cela tient du challenge (que tentent d’ailleurs également les Français de Fauve, ce jeuid). Pari réussi, on s’en rend vite compte, pour le Bruxellois qui se produit sur le coup de 15h20 dans la Boombox. Moyennant quelques adaptations, nous expliquera-t-il plus tard, entre un Menthos avec tranche fraîcheur et deux gorgées de blanche rosée : « Il y a des groupes pour lesquels la configuration « envoyer du jus dans la masse » convient bien. Notre projet intimiste ne correspond pas forcément à l’attente des gens qui viennent à Dour. Ils sont ici pour l’énergie, le gros son. Le set a été orienté vers une sélection un peu différente. Nous avons retiré les intros, les interludes, tout ce qui requiert une atmosphère plus feutrée. »
Les morceaux plus pêchus s’enchaînent, de fait, sans qu’on ne tombe dans la caricature du gros rap (le bras d’honneur est d’ailleurs toujours de rigueur sur le passage de « Chasse et pêche » où il en est question). « Kick, snare, bien », « Mickey Mouse », le « Prélude à la violence » et « Steroid man » précèdent quelques « vieilleries » de derrière les fagots, comme « Les brebis », par exemple. « Ici à Dour, je peux, qui sait, retoucher des gens qui m’ont suivi dans mes premiers projets mais qui n’ont pas adhéré à la nouvelle tournure de ce que je fais. J’ai retrouvé des gens connaissent les lyrics de « Génération talon d’Achille » qui date de 2007, ou de « Midi pile » qui date de 2008, mais ne connaissant pas les nouveaux morceaux. L’inverse est vrai aussi. Du coup, nous visitons plus le répertoire que lors de scènes plus intimistes. »
Mettre l’accent sur la dynamique peut s’avérer frustrant quand on a un son très travaillé… Veence l’admet : « Ma musique, c’est de la production : des machines, des softs, etc. Elle est faite de couches, de sous-couches, des bruits, des sons d’ambiance, et ça passe d’office moins bien en festival que dans un cadre comme le Musée. C’est frustrant, mais ce que tu perds, tu le gagnes ailleurs. Et du coup, dans trois mois, quand nous serons de retour dans un cadre plus intimiste, nous allons re-kiffer ça ! »
Et s’il fallait débriefer plus avant ? « Mickey Mouse » serait le titre qui est le moins bien passé, cet après-midi. « De la scène, c’est ce qu’on a ressenti. Il y a des moments plus down, mais ce n’est pas grave. J’aurais pu communiquer un peu plus avec le public, mais ça, c’est parce que je suis encore un peu jeune, un peu vert, au niveau des gros festivals. Il faut travailler le truc. Dans les petites salles, j’ai un contact direct, personnel avec les gens. Ici, c’est très indifférencié, tu ne captes pas les regards. »
Jouer près de la France, alors que c’est en train de prendre dans l’Hexagone (« ça tricote », comme il dit), c’est une bonne chose ? « Il ne faut pas se ghettoïser. Oui, c’est un projet à texte, plus intimiste, mais il y a moyen de l’orienter d’une manière plus dynamique, on l’a vu aujourd’hui. C’est une question de kif et de plaisir mais aussi une question stratégique. Il n’y a pas 1.000 lieux où jouer, et si tu n’es pas dans les festivals d’été, c’est un truc que tu perds. Donc oui, il fallait faire Dour. » D’autant qu’il y a deux ou trois mois de cela, il était moins optimiste : « J’appréhendais que cette espèce de visibilité et d’accueil qu’on avait eu par rapport au disque retombe. Et justement, avec les festivals, ça nous donne un nouveau souffle. Et comme il y a des discussions en cours, par rapport à la France… » Le 10 octobre, il sera ainsi à Laval avec Fauve. Quand on vous dit que Dour mène à tout !
Didier Stiers
(Photo : Mathieu Golinvaux)
Veence Hanao est ce vendredi à l’affiche des Francofolies de Spa.
Céline Bertinchamps
19 juillet 2013 à 8 h 50 min
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