Avec une poignée de titres, comme « Your drums your love » et « Attracting flies », le duo londonien AlunaGeorge s’est vu introniser rénovateur du dancefloor made in Britain. George Reid et Aluna Francis jouaient leur r’n’b futuriste ce jeudi en fin d’après-midi au Pukkelpop, dans la foulée d’un tout récent premier album, justement intitulé Body music. Deux heures plus tôt, le garçon répondait à nos questions…
Vous monterez sur scène avec un batteur et un bassiste ; ça vous change des machines en studio ?
Tout à fait, d’autant que l’album a été entièrement conçu en studio et que nous n’étions que deux. Ça me rappelle l’époque où étant plus jeune, je jouais dans plein de groupes. Jouer avec un groupe, c’est au moins dix pour cent de dynamique en plus, que les ordinateurs ne peuvent pas fournir.
Passer du studio au live a été difficile ?
Oui, et j’ai l’impression qu’il nous a fallu des siècles pour y arriver. Le principal souci, c’est que la technologie du live n’est pas encore aussi avancée que celle qui permet de faire de la musique. Le line-up avec lequel nous tournons actuellement existe depuis septembre, mais nous jouons en live depuis plus longtemps que ça. Ici, ça doit être notre 25e ou notre 26e festival !
Vous avez vécu les semaines qui ont précédé la sortie de l’album sous une certaine pression ? Vu tout le bien qu’on avait pu dire de vous, ces titres qui ont circulé sur les blogs…
Pas vraiment, je crois que la principale pression, c’est celle que nous nous sommes mise nous-mêmes. Vous savez, les télés, les médias, les magazines, les blogs, ce n’est que du bonus. C’est une bénédiction, quand les gens ont envie d’écouter ce que vous faites, non ?
Vu de l’extérieur, on a un peu l’impression que la scène « dance » connaît un renouveau, en Grande-Bretagne, mais qu’en est-il exactement ?
Ce qui se passe, c’est que beaucoup de gens font de la musique. Notre génération est la première à avoir grandi avec tous ces outils permettant d’enregistrer un album dans sa salle de bain, si on veut. Je ne dis pas que ça ne coûte rien, mais c’est très abordable. Et ça suscite l’envie de s’y mettre, alors qu’avant, il fallait empoigner une guitare, trouver des gens pour former un groupe, etc. J’aime toujours beaucoup la guitare mais il y a aujourd’hui d’autres options.
Vous avez l’ambition de proposer une « dance »… intelligente ?
Je n’irais pas jusque-là ! C’est surtout le désir de proposer quelque chose de différent. D’intégrer dans des compositions tous ces sons étranges et merveilleux qu’on peut créer aujourd’hui.
S’il y a un titre sur votre album que vous aimeriez que les gens aient retenu dans vingt ans ?
Ce serait « You know you like it ». Je la trouve catchy et originale en même temps…
Dance Hall, 18h45. Les deux jeunes gens sont sur scène, accompagnés comme prévu par leurs musiciens. Aluna Francis concentre la plupart des regards. Le short, probablement… Blanc. Tout court. Un camarade – hélas absent – y aurait été de son commentaire préféré dans de telles circonstances : « Mais c’est le festival des cannes ! » La demoiselle, elle, fait des cœurs avec ses mains, chante l’amitié et sur cette house, pousse souvent sa voix de gamine dans les aigus. A l’applaudimètre, « White noise », le titre de Disclosure sur lequel elle a featuré, recueille un franc succès, juste un peu plus que « Your drums your love ».
Reste que… tout ça est bien gentil, mais en live, malgré le rythme et une certaine richesse de son, le chant peine encore à convaincre : pas limité, certes, mais manque de nuances, ou de maîtrise, assurément. En même temps, dans ce gigantesque Dance Hall, rien n’est jamais simple…
Didier Stiers
(Photo : Mathieu Golinvaux)
A l’Ancienne Belgique le 11 novembre.