Bab’x et ses drones de machines

Le Rallye « Chantons français ! » commence ce vendredi. L’affiche est aussi éclectique que sont variés les lieux où il se déroule. Parmi nos coups de cœur de cette année : le Parisien Bab’x.

Pas besoin de courir au garage vérifier l’état de votre véhicule, contentez-vous d’un entretien des oreilles, voire des mollets : ce Rallye est un véritable marathon et se targue d’être le seul événement musical cent pour cent francophone à Bruxelles. A l’occasion de cette treizième édition, le rendez-vous se décline sur trois jours, dans douze salles, le temps d’une trentaine de concerts !

Plus personne n’en doute : la chanson française, ou plutôt « en français », offre de multiples facettes, s’accommode de bien des genres musicaux, et s’éloigne parfois plus qu’on ne le croit des canons classiques. La meilleure preuve cette année avec les collages psychédéliques du Colisée. Ou le rap de Mochélan : le Carolo, enraciné dans sa ville mais remarqué cet été au festival d’Avignon, sera pour l’occasion accompagné par toute une série de MC’s.

Quant au Parisien David Babin, alias Bab’x, à ses heures auteur pour Julien Doré et producteur de Camélia Jordana, il arrive à Bruxelles précédé par l’excellent Drones personnels, un album aux sonorités plus électro conçu avec quelques précieux camarades, qui emprunte autant à la France qu’à l’esprit pop et rock anglo-saxon.

“Nous avons un ADN commun”

“Ma culture électronique ne ressemble à rien”

Le garçon le confesse sans se faire prier : ce disque est le fruit d’une grosse recherche sur le son. La matière sonore l’obsède ! « Je compare souvent la musique, ou même un morceau, à un organisme vivant, des organes qui se mettent à fonctionner ensemble au fur et à mesure de l’écriture. J’essaie aussi, en compagnie des mecs avec lesquels je travaille, de donner du sens au son. Et puis, dans la musique, le son est peut-être ce qu’il y a de plus onirique. C’est comme un parfum, ce qu’on garde quand la chanson est terminée. »

Il y a longtemps qu’on n’avait entendu d’album aussi riche que Drones personnels. De par le vocabulaire choisi, les textes envoient l’auditeur au cinéma ! L’influence des Impressionnistes comme Debussy et Ravel, probablement : David a été formé au piano classique. « Je réécoutais un morceau de Debussy qui s’intitule « Des pas sur la neige ». C’est vraiment ça ! C’est cette idée d’évoquer et de faire vivre des images. » Dans son cas précis : un peu comme dans un rêve. Car il y a aussi chez lui quelque chose d’éthéré, dans la voix, les arrangements… « J’avais en tête une sorte de méditation, explique Bab’x. Pas au sens bouddhiste du terme, mais coltranien. Comme une manière de se connecter avec quelque chose de l’ordre de la transe, peut-être, qui ferait le lien avec… là-haut. C’est ce que je recherche fondamentalement dans la musique, parce qu’on a très peu l’occasion de le faire dans la vie de tous les jours. »

A propos de s’écarter des formats établis : il paraît qu’on lui reproche en permanence de ne pas écrire de refrains. Ce qui assied son statut de garçon atypique sur cette scène francophone, certes, mais est-ce cherché ? « Il n’y a aucune volonté particulière là-dedans. J’ai juste toujours trouvé bizarre qu’il faille se répéter pour plaire aux gens. Ça peut être super quand ça vient vraiment appuyer un propos, mais un refrain à tout prix, c’est une sorte de facilité. » Et comme pour faire exception à la règle, le Parisien a donc écrit « Naomi aime », ou l’histoire d’un mannequin bien connu qui aimait beaucoup les pierres précieuses…

“Je voulais écrire un morceau assez sexy”

Didier Stiers
(Photo : Julien Mignot)

Le 14 septembre à l’Espace Delvaux, avec Carl & Les Hommes-Boîtes. Infos: www.lerallye.be.

 

Didier Stiers

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