Tous les producteurs ne se coulent pas dans les formats pop imposés. La preuve avec Lost, signé Trentemøller.
Tout frais sorti de son studio de Copenhague, Lost est le troisième album d’Anders Trentemøller. Un disque qui surprendra aussi bien ceux qui pensent au Danois en termes de dancefloor que ceux qui connaissent son éclectisme. Les premiers découvriront qu’il n’y a pas que l’électro dans sa vie – mais ça commence à faire un bail –, tandis que les seconds admettront une fois de plus un talent pour dénicher les voix qui collent le mieux à ses compositions en même temps très personnelles et bien inspirées.
Comment présenteriez-vous cet album aux gens qui ne vous connaissent pas ?
C’est toujours difficile. Je dirais surtout que c’est un album pour lequel je me suis concentré sur l’écriture, peut-être plus encore qu’auparavant. J’ai continué à travailler dans cet esprit cinématique ainsi qu’avec des couches de sons, mais je me suis aussi attaché à écrire des mélodies et des morceaux qui puissent tout aussi bien fonctionner avec une guitare acoustique, un piano ou juste une voix. C’est très important pour moi que la production ne fasse pas tout l’intérêt du disque.
Ce qui caractérise aussi cet album et le rend contemporain, c’est que les genres n’y sont plus clairement identifiables.
Oui, mais encore une fois, ce n’est pas une démarche consciente. C’est naturel, parce que j’écoute aussi beaucoup de musiques différentes, et que c’est également de cette manière que j’ai grandi. J’ai joué dans des styles très divers : même du jazz, un peu de classique, en plus de l’électronique et du rock. Et je trouve aujourd’hui mon inspiration dans des sons très différents. Bien sûr, le gros challenge a été d’intégrer tout cela dans mon propre travail. Je ne voulais pas trop « copier », mais il reste aussi qu’on peut parfois identifier quelques-unes de mes sources.
The Cure, par exemple ?
Oui ! Dans ce son de basse caractéristique. Mais aussi les Doors, avec l’orgue. C’est pour moi l’occasion de rendre un petit hommage aux gens que j’adore, mais encore une fois, sans avoir eu l’intention de faire quelque chose de rétro.
Qu’aimez-vous dans ce que fait le groupe de Robert Smith ?
Cette capacité à écrire de très bonnes chansons pop, de bonnes mélodies et de bons thèmes, mais avec cette petite touche sombre à chaque fois. Mes albums préférés sont les plus anciens, comme Faith et Seventeen seconds. J’aime bien Disintegration aussi, même s’il est plus récent par rapport à ces deux-là. Ça me plaît, ce côté… pas noir, mais un peu mélancolique. Il est par exemple clairement perceptible sur Faith. J’y ai beaucoup réécouté cette batterie dépouillée de réverbe, sèche, comme si c’était de la programmation. Cette manière de la jouer quelque part entre « club » et « rock » m’a beaucoup inspiré.
C’est ainsi que vous expliqueriez cette petite touche « dark » qu’ont les compositions les plus « clubby » de cet album ? Sur « Still on fire », elle est bien évidente…
C’est vrai. Mais en fait, ce titre-là était à l’origine purement électro. Puis je l’ai trouvé un peu ennuyeux, et j’ai voulu y rajouter quelque chose. J’ai pris ma basse, et j’ai trouvé ! C’est amusant qu’on parle de Cure, parce que justement, c’est après avoir beaucoup réécouté leurs vieux albums que ça m’est venu, cette idée d’atténuer le ton « tout électronique », « ordinateur ». En même temps, je ne suis pas totalement dans quelque chose de purement rock. Entre les deux, disons, et c’est ce qui me plaît.
Didier Stiers
(Photo : Alastair Philip Wiper)
En concert le 8 novembre à l’Ancienne Belgique.
“Lost” : notre critique *** et l’écoute intégrale sur Deezer.
frontstage
25 septembre 2013 à 17 h 05 min
@trentemoeller a sorti son nouvel album “Lost” cette semaine. Entretien avec le sorcier danois http://t.co/A5dRvcX125
didierstiers
26 septembre 2013 à 0 h 58 min
C’est qu’il est fan de Cure, Trentemøller. Des vieux Cure… | frontstage/ http://t.co/H4qwcqkMRR