Après les festivals d’été, l’automne en club ! Les Américains de Parquet Courts seront dimanche à l’AB. Riffs nerveux et « punk attitude », promettent-ils !
En cette moitié d’août, ça fait déjà quelques semaines que son groupe se retrouve sur les routes. Et les festivals, il aime plutôt ça, Andrew Savage (chant, guitare) : « Tu manges pas mal, on te file des bières… Tu croises un tas d’artistes, des petites tribus. A la longue, ça finit par ressembler un peu à des colonies de vacances. Tu te fais des amis à force de rencontrer les mêmes gens, c’est cool. Les paysages européens, ça nous change de ce qu’on voit habituellement. Et puis, jouer devant des gens qui te voient pour la première fois, c’est chouette. »
Quelques instants plus tôt, Parquet Courts faisait bonne impression sur la scène du Marquee. Musicalement, certainement, parce que côté show, c’est plutôt light. Le groupe est curieusement statique, plus en tout cas que ne le laisse supposer Light up gold, l’album (res)sorti en janvier. Pas remuant, le quatuor, mais il fait bouger. « On nous demande souvent d’où vient cette énergie, mais je n’en sais rien. Je suppose que c’est parce que nous sommes tous très excités à l’idée de faire un concert. En tout cas, les tournées, je trouve ça plutôt stimulant. Je travaille mieux quand je suis hors de chez moi ! »
Le New-Yorkais (encore que ces jeunes gens soient originaires du Texas) a commencé par écouter ce qu’écoutaient ses parents. La musique des sixties. Les Beatles. « Mon père écoutait aussi beaucoup de jazz et les nouveaux compositeurs classiques. Ma mère, c’était aussi du disco. » Et puis il craque pour le punk… « Une fille plus âgée nous avait filé une cassette, à mes potes et moi. Il y avait là-dessus Crass, les Dead Kennedys, UK Subs, les Descendents… Tout ça a été pour moi la clé d’un univers neuf, plus excitant. »
Parquet Courts s’est installé à New York. New York et sa vague indie rock d’il y a quelques années. Son revival new wave… « Je ne sais pas trop comment c’est aujourd’hui, confesse le rouquin. Il y a pour l’instant un retour du hardcore qui me semble très intéressant. Au travers de ce festival, New York’s Alright, des endroits où jouent beaucoup de chouettes groupes punk et hardcore. Mais nous n’avons jamais vraiment fait partie d’une scène, là-bas. Ni punk ni même expérimentale, même si nous avons joué avec ces groupes et s’il y en a avec lesquels nous nous entendons bien. Vu de l’extérieur, on pourrait croire qu’il y a à Brooklyn une sorte de communauté artistique, mais en réalité, c’est très scindé. »
Light up gold est le deuxième album du groupe. Sorti une première fois artisanalement, puis signé et distribué « officiellement ». La débrouille et un bon buzz. « Il y a un an, je l’avais sorti sur mon label, Dull Tools. Je pensais qu’il allait nous falloir des années pour vendre les 500 exemplaires, mais non, ça n’a pris que quelques mois. Après, je suppose que le bouche à oreille a fonctionné, les gens qui ont aimé en ont parlé. J’en ai envoyé pas mal ici en Europe : en Angleterre, aux Pays-Bas, en Suède, en Espagne, en France, en Allemagne… Nous avons fait un second pressage, tout est parti aussi. Quand il a été question d’un troisième, Kevin, un ami et un fan du groupe depuis longtemps, nous a proposé de confier ça au label qu’il gère, What’s Your Rupture ? C’était en janvier 2013… »
Andrew avance que le groupe ne serait pas le même s’il écrivait des textes auxquels il n’accorderait aucune importance. Si tout le monde tâte de l’écriture, chez Parquet Courts, c’est à lui et Austin (Brown, voix et guitare également) que le groupe doit la majorité de ses titres. « En général, chacun chante les chansons qu’il a écrites. » Même si en live, les voix (trois, au final) se combinent toujours plus ou moins. Ça vous est arrivé, d’être « Stoned and starving » (extrait de Light up gold) ? « Oui, bien sûr ! C’est une histoire vraie. On est tous passé par là, non ? »
Finalement, que le groupe ne bouge pas des masses sur scène, on s’en moque un peu. Il y a pire reproche. Plus gros défaut. On ne nous enlèvera pas de l’idée que Parquet Courts est ce que le rock nous a valu de plus excitant ces deux ou trois dernières années. Aux acheteurs du tout nouvel EP (Tally all the things that you broke), les garçons offrent une cassette où ils ont compilé quelques trucs qui leur plaisent bien, comme Mazes, Tyvek, UV Race ou Solid Attitude. « Ça m’excite de voir un groupe ou un artiste face auquel je me dis : “Ah, j’aurais bien voulu avoir cette idée moi-même !” Ou quand j’écoute un nouveau disque qui me renvoie à ce que j’éprouvais quand j’écoutais pour la première fois les Bad Brains, ou Roxy Music. Quand tu te dis qu’à partir de là, parce que tu as entendu ça, la vie va être différente. » Et ça lui arrive encore régulièrement, assure-t-il ! « La seule différence, c’est qu’il faut chercher plus, pour trouver ce genre de disques. C’est parce que la vie est devenue plus compliquée, les gens sont confrontés à plus de distractions. J’en vois pas mal de mon âge qui ne font plus cet effort. Ils espèrent qu’on va leur servir ça sur un plateau. Ils comptent sur les blogs, les magazines… Mais ce que ces médias amènent n’est pas toujours le plus intéressant. Ça arrive parfois, mais le plus intéressant, c’est ce que tu vas trouver toi-même après être allé chercher. Ou être allé à un concert où aucun de tes amis n’est allé. Il faut sortir un peu de sa zone de confort ! »
Didier Stiers
(Photo : Ben Rayner)
Dimanche 27 octobre, Ancienne Belgique (avec Mazes).