Si les Tindersticks devaient un jour afficher une raison sociale à l’entrée de leur local de répétition, « Stuart Staples & co, dispensateurs de belles soirées depuis 20 ans » ne serait en rien mensonger. Mardi soir, les Anglais étaient au Cirque Royal, alors que vient de sortir Across six leap years, l’album de « reprises » qui marque les vingt ans du groupe. Et donc, la soirée fut belle. Une fois de plus.
En 2010, c’est un Stuart Staples habité qui chantait sur la même scène. Il l’est probablement tout autant à l’entame de ce concert-ci, scindé pour l’occasion en deux parties. La première débute avec « Tricklin’ » et « Marseilles sunshine », tout en douceur, soit le ton des sept titres qu’il interprète assis, accompagné par une petite partie seulement de ses musiciens. Le silence s’est immédiatement fait dans la salle, chose que l’on a parfois du mal à croire encore possible ! En même temps, c’est Tindersticks, l’espace d’une nuit tranquille. Ou comment le frisson naît de la sobriété.
La pause intervient une bonne demi-heure plus tard, après quoi la scène se remplit à nouveau, et bien, cette fois : ils sont neuf, dont une choriste, Gina Foster, tout en douceur elle aussi… Du moins, jusqu’à « Travelling light », en rappel, où elle chante alors dans un vrai duo d’(ex-)amoureux avec Staples.
Si la mélancolie est toujours de mise dans cette seconde partie de concert (le violon et le violoncelle qui donnaient le « la » de la première n’ont pas été rangés), la palette de couleurs est malgré tout plus large. Vibraphone, sax et tambourin se mêlent à ce qui ressemble parfois à des prières plus que des chansons pop. Des bribes de folk, de jazz, de rock viennent agrémenter les arrangements. Un peu trop, peut-être : la reprise d’Odyssey (« If you’re looking for a way out »), même façon Tindersticks, n’efface pas ce clin d’œil disco-funky : les soirées pluvieuses, enfumées ou de rêverie s’accommodent mal de boules à facettes et de clinquant. Plus difficilement que de cette guitare qui se fait parfois hispanique, ou de cette trompette (il y a deux cuivres, cette fois) qui, sur « Sleepy song », lorgne du côté du Mexique.
Stuart Staples dit merci, « pour avoir continué à nous inviter ». Sur scène, l’homme parle peu (même en comptant « My sister », raconté), mais ne manque pas d’humour pour autant : bien sûr qu’on a envie de revivre l’intensité de perles comme « A night in » ou « What are you fighting for » ! Et puis, l’écrin dans lequel il présente à chaque fois ses chansons intimistes n’est jamais le même. Mais toujours bien tentant.
Didier Stiers
Setlist
Première partie
– Tricklin’
– Marseilles sunshine
– A night so still
– Hushabye mountain
– Come feel the sun
– She’s gone
– Dancing
Deuxième partie
– Sometimes it hurts
– If you’re looking for a way out
– Another night in
– Show me everything
– This fire of autumn
– City sickness
– My oblivion
– Sleepy song
– Say goodbye to the city
– A night in
– I know that loving
– What are you fighting for ?
Rappels
– Travelling light
– Can we start again ?
– My sister