Mark Lanegan, côté crooner

Ambiance feutrée, lumière tamisée, acoustique impeccable… A Flagey, Mark Lanegan a pu présenter sa dernière incarnation de crooner dans des conditions sur mesure.

C’est l’Ancienne Belgique qui a eu la bonne idée de proposer Mark Lanegan à Flagey. Bonne idée, car avec son dernier album de reprises, Imitations, aux sonorités très « bonne famille des années 50 et 60 », Lanegan ne se présente plus comme le chanteur cramé revenu des enfers, mais en mode crooner à la Sinatra. Et ça lui va bien au timbre, ce nouveau costard, malgré des arrangements par trop vieillots et quelques tentatives faites certes de fort bon coeur, mais au final très embarrassantes (Lanegan qui reprend Manset en français, c’est un peu comme Iggy qui reprend « La Vie en Rose » ou Nina Simone « Ne Me Quittes Pas »… On a beau avoir une voix supérieure, la langue française ne s’improvise pas…)

Passons au concert, le premier de deux dates à Flagey*. L’ancien Screaming Trees débarque à 21h20, après Duke Garwood et le Bruxellois Lyenn qui ont ouvert le bal dès 20h. Première surprise, il ne s’agit pas d’une performance acoustique, comme annoncée, mais disons, intimiste: guitare électrique, basse et cordes. Au centre, l’homme en noir, costard relaxe, lunettes fumées, mèche tombant sur les yeux et santiags: classe.

Dès « When Your Number Isn’t Up » (un des meilleurs titres de Bubblegum, sorti en 2004), la voix s’empare de la salle. L’endroit, on l’a dit, a une acoustique parfaite, et si l’ambiance peut paraître trop feutrée, elle sied à la performance. Il n’est plus question de rock n’ roll, ici, on est vraiment dans un registre récital.

Ensuite, un concert de Lanegan, on a beau adorer le gars, c’est un peu toujours pareil, même si la formule évolue. Statique, les mains bien accrochées au micro (la droite au pied, la gauche au micro), et cette voix qui mène l’affaire. On regrettera aussi ces cordes parfois envahissantes (surtout sur les chansons du dernier disque) qui camouflent cette voix qu’on préférera toujours à nu. Mais bon… D’autant qu’après trois ou quatre titres, le miracle s’accomplit. Dans un souffle, en tournant la tête, le chanteur lance un « Thank you very much »… Stupeur. Et il réitérera, présentant même ses musiciens… Le Mark est en bonne forme, il est devant son public (un public varié, de tous âges, dévoué), ça se sent, ça s’entend!

Sinon, côté répertoire, on retiendra outre « When Your Number Isn’t Up », les désormais classiques « One Way Street », « The Gravedigger Song » et « One Hundred Days ». Surtout, la reprise de Bertold Brecht, « Mac The Knife » et son petit riff de guitare aguicheur, et un « Satellite Of Love » de Lou Reed de circonstance. On n’en attendant pas moins.

DIDIER ZACHARIE

* Il reste quelques places pour le concert de ce jeudi. Infos et réservations sur le site de Flagey.

Lire aussi le portrait “Mark Lanegan, l’ami américain”

Journaliste lesoir.be

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3 Comments

  1. Claude

    31 octobre 2013 à 17 h 50 min

    Bonsoir,

    “Embarrassant” est l’adjectif qui convient. Le loner – très (trop ?) entouré ces derniers temps – a tendance à se disperser depuis les deux albums trop polis (j’ai failli écrire jolis !) qu’il a commis avec Miss Campbell.

  2. Viola

    1 novembre 2013 à 21 h 17 min

    It was an evening of sheer beauty, I have no idea what concert you saw… Embarassing is not ever a word I would put in one sentence with Mark Lanegan. You people have no idea how to listen to music anymore… or how to be respectful, for that matter.

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