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Les news inutiles #38: le rock vs. Spotify

par le 12 novembre 2013
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Spotify, nouvelle bête noire des musiciens rebelles; un entretien perdu et retrouvé de Kurt Cobain; Huey Morgan des Fun Lovin’ Criminals pète un câble à la télé; Marilyn Manson nu sans son make up; et d’autres choses encore.

Il semblerait que les rockers, ces rebels without a cause, aient enfin trouvé un nouvel ennemi contre qui se soulever. Quoi donc? Les majors? Le grand capital? Le prix du gramme de coke?… Nope: Spotify.

Après le fameux « dernier pet désespéré d’un corps mourant » (c’est plus joli en anglais: « The last desperate fart of a dying corpse? ») de Thomas Edward Yorke, c’est Yannis Philippakis, leader de Foals, qui en colle une dans les gencives du site de streaming suédois: « Je préférerais que quelqu’un vole l’album en vinyle plutôt que de l’écouter en streaming sur Spotify! » Son argument: « Parce que je pense que vous devriez écouter la musique en vinyle »… Uh? « Et je pense aussi que n’importe quoi est meilleur que Spotify »… Oh!

Nan, mais sérieusement, pourquoi tant de haine? C’est la « pitance » qui est reversée aux artistes qui est dénoncée par les Robin des Bois du binaire. Philippakis, toujours: « C’est comme d’aller au restaurant quand tu sais que le chef et le staff se sont cassés le cul, et tu laisses juste un centime comme pourboire sans même payer l’addition. Voilà, ça ressemble un peu à ça, Spotify ».

C’est pas faux. En avril 2010, le blog InformationIsBeautiful avait publié un article concernant les revenus des artistes selon le média utilisé. Et ça donnait quelque chose du genre:

Pour qu’un musicien perçoive 1.160$ de revenu mensuel, il a le choix entre:
– vendre 143 CD autoproduit
– vendre 1.161 CD via un label avec un pourcentage de royautés correct dans le contrat
– vendre 3.871 CD via un label avec un mauvais pourcentage de royautés dans le contrat
– vendre 1.229 albums via iTunes
– avoir 1.54.667 écoutes sur Last FM
– avoir 4.053.110 écoutes sur Spotify.

Bref, Spotify, c’est un peu la soupe froide. Mais pourquoi que diable sont-ce toujours ceux qui vendent des camions de disques-t-shirts-et-bols-de-soupe et qui sont bien planqués à l’abri du besoin qui sont les premiers à se plaindre? Ils en pensent quoi, les petits artistes, d’ailleurs, de Spotify?

On avait déjà posé la question à Joseph Meerseman, manager de BRNS. Il est d’accord pour que Thom et Yannis s’énervent, mais « s’ériger en flambeau d’une telle revendication n’est possible que dans la mesure où la célébrité peut se reposer sur sa notoriété ». Quant à la soupe froide: « Ce que le groupe va toucher grâce à Spotify est risible ». Mais « chaque clic, c’est quelqu’un qui va potentiellement venir aux concerts ou acheter un album. C’est un outil pour se faire connaître ».

Bref, la gloire, les putes, les limousines aux vitres teintées et la drogue de luxe, c’est clairement pas avec Spotify que ça va arriver. On pourrait même dire que les Suédois sont les plus radins de la chaîne. Ceci dit, selon certains comme le patron de la Snep (Syndicat français de l’édition phonographique), cette pitance, c’est juste une question de manque de concurrence dans le secteur… Une fois le trou rempli, les tarifs grimperont.

Et puis, c’est quand même mieux que rien… Les téléchargements illégaux, Napster, tout ça… Vous vous souvenez de Napster? C’était en 1999 et pour la première fois, un service informatique permettait d’obtenir de la musique en un clic pour pas un kopeck. Le seul à s’être offusqué de cela à l’époque avait été le milliardaire Lars Ulrich des multimilliardaires Metallica. Seul contre tous, il était devenu, selon ses propres termes « The most hated guy in music business ». Et il en pense quoi, Lars, de tout ça? « I love Spotify! ».

Et donc, plutôt Lars ou plutôt Thom Philippakis?

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Journaliste lesoir.be
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