Il est très productif, le jeune Anglais : son nouvel album a vu le jour un an après la sortie du premier. Et en plus, il enchaîne les concerts.
Mais dans sa loge, Jake étouffe un bâillement. A quelques heures de monter sur la scène du Cirque royal, en ce lundi 25 novembre, il a l’air quelque peu fatigué, le « gamin » (19 ans au compteur). Notez, on pourrait l’être pour moins que ça : avec Shangri La, son deuxième disque sous le bras, il aligne 13 scènes en 15 jours de temps…
En quoi est-ce gai d’être ainsi en route tout le temps ?
Je joue de la musique et je vois d’autres coins. Je n’ai pas toujours le temps de me poser, mais rien que le fait d’être ailleurs est déjà chouette. Et puis, on finit toujours par voir un truc ou l’autre, non ?
Voilà que sort votre deuxième album, alors que le précédent n’est finalement pas si « ancien ». Vous n’aimez pas l’attente ?
J’avais écrit quelques nouvelles chansons, sur la route, et je n’avais pas envie de les garder pour moi. Je me suis dit « sortons-les et on verra bien ce que les gens en pensent. « C’est aussi simple que ça. C’est juste quelques nouvelles chansons, mais je les ai enregistrées dans un excellent studio (NDLR : le Shangri-La, à Malibu) avec d’excellents musiciens…
Qu’est-ce que Rick Rubin, qui a produit cet album, a apporté à votre musique ?
C’est justement lui qui a rassemblé ces musiciens autour de moi. J’avais pas mal d’idées en tête, mais j’avais du mal à les sortir, à les concrétiser. C’est lui qui a fait en sorte qu’elles s’appliquent et qu’elles fonctionnent. C’est ce qui s’est passé : nous avons travaillé en live, et essayé de capturer cette magie. C’était cool ! C’est vrai que pour l’album précédent, je ne m’étais pas trop soucié du rôle d’un producteur. Ici, ce n’est pas tellement que j’avais envie d’essayer de nouvelles choses, en termes de sonorité par exemple, il se fait juste que les chansons arrivent… Mais c’est ça la musique, après tout : tu écris tes chansons, et puis elles prennent vie alors que tu ne sais pas trop comment.
Pour illustrer « Slumville sunrise », vous avez tourné un clip avec Shane Meadows, plutôt un court-métrage qu’un simple clip, d’ailleurs… Quand on voit ses films, comme « This is England » par exemple, on se dit que vous cherchiez quelqu’un d’aussi anglais que vous, non ?
L’idée était surtout de s’amuser avec ce morceau. Mais nous venons aussi tous les deux de la même ville (NDLR : Nottingham). J’avais beaucoup aimé le documentaire qu’il a réalisé à propos de la reformation des Stone Roses (NDLR : « Made of Stone »). Je me suis dit que si j’en avais l’occasion, je lui demanderais de travailler avec moi, et c’est ce qui s’est produit. Au départ, ses idées me laissaient un peu sceptique, mais le résultat me plaît beaucoup. Et nous nous sommes vraiment bien amusés !
Est-ce que l’endroit d’où vous venez compte toujours autant pour vous ? Quand vous écrivez, par exemple ?
Ça dépend… Ce qui est sûr, c’est que si j’écris à propos de ça, c’est d’un point de vue différent, parce que je mène actuellement une autre vie. C’est aujourd’hui difficile pour moi de décrire ce qui s’y passe, je suis devenu quelqu’un qui regarde ça de l’extérieur. Ça peut être intéressant aussi… Mais ça rend aussi toujours un peu étranges les choses que je vis maintenant. Cela dit, j’essaie de ne pas trop y penser, parce que j’y laisserais trop de… productivité ! Il faut que je prenne tout ça comme quelque chose de normal. En même temps, je n’avais rien envisagé : je n’avais jamais rêvé d’un boulot « normal », j’ai juste quitté l’école, écrit quelques chansons et signé un contrat avec une firme de disques.
Quand vous êtes-vous mis sérieusement à l’écriture ?
Dès que j’ai eu une guitare ! Je n’avais vraiment pas envie d’autre chose. Je n’avais pas de plan B. C’est devenu nécessaire, pour moi.
Entre Donovan, les Beatles et Johnny Cash notamment, les influences qu’on vous prête relèvent plutôt du passé que de la musique « actuelle »…
Oui. Mais bon, aujourd’hui, avec internet, les films, la radio, la télé, vous disposez d’un tas de moyens pour aller à la découverte des styles. Personnellement, quand un artiste m’intéresse, je cherche à savoir quelles sont ses influences à lui, et généralement, je trouve toujours beaucoup de choses. Parfois, je me dis que les gens qui aiment ce que je fais pourraient avoir envie de remonter comme ça dans le passé eux aussi. Mais d’un autre côté, peu importe si un genre a l’air ancien ou non : quand on joue quelque chose, c’est toujours neuf !
Didier Stiers
Notre critique de “Shangri La” et son écoute intégrale sur Deezer.
sinemoflu18
20 décembre 2013 à 7 h 59 min
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