Les news inutiles #44: pourquoi FAUVE≠?

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En bref, polémique sur la prestation des Red Hot au Superbowl, EMI vous répond, Lou Reed 1974, les dents de David Bowie, les Pussy Riot tout en charme, Noel Gallagher n’aime pas les clips. Et on s’attaque au phénomène Fauve≠.

S’il y a déjà une certitude avec 2014, c’est qu’on va bouffer du Fauve! (Pardon, FAUVE ≠ ) Six pages (!) dans Libération le week-end dernier (alors que le premier album n’était pas encore dans les bacs), la couverture de Tsugi, les Inrocks qui n’en démordent pas depuis le début et peuvent enfin annoncer “L’année Fauve”… Les Parisiens sont la nouvelle coqueluche de la France branchée, et il est à parier que ça ne fait que commencer. On tente de détecter les raisons du phénomène.

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1. Le projet

Dès le départ, le groupe ne se présente pas comme un groupe, mais comme un collectif. Mieux, comme un « CORP »! Le Fauve CORP, lieu virtuel de rendez-vous pour tous ses soldats et convertis se déploie via le son, le texte, mais aussi l’image, la vidéo et ce signe de ralliement qui en fait une entité à part, ce ≠ inséré dans chaque message, sur chaque image liée au groupe, sorte de pendant 2.0 de la croix de Lorraine pour la résistance française en 40-45. Et on plaisante à peine, car le principe est bien celui-là. Celui du référent identitaire désignant une entité plus vaste pour celui qui ne baisse pas les bras, mais va au combat!

« ≠  FAUVE est une porte ouverte jour et nuit, une épaule et une oreille. FAUVE c’est qui veut. Et si ça se trouve demain on sera nombreux ≠ »

Fauve ramène la passion pour un groupe qui n’est plus seulement musical, mais devient un vecteur identitaire, un lieu de ralliement pour ses fans en peine, comme à la grande époque où le rock ou le rap signifiaient encore quelque chose… Mais de façon décuplée car toujours présent et disponible sous différentes formes dans le monde virtuel.

2. La fan base

Le projet, c’est une chose. Encore faut-il savoir se faire connaître. Et là encore, Fauve, dont les membres sont des gens intégrés dans la société (avocat, marketing,…), a compris dès le départ comment faire. Ainsi, les premiers titres, soutenus par des vidéos, ont directement été postés gratuitement sur le net. Ainsi, des concerts, nombreux, partout en France, mais sans se montrer, toujours dans la pénombre, offrant la lumière aux seuls propos. Ainsi, une présence de chaque instant sur les réseaux sociaux, et un ton fraternel, comme quelqu’un qui donne des nouvelles régulières à ses potes. Si bien qu’au final, Fauve a créé une relation quasi d’égal à égal avec ses fans, comme l’indique le titre de l’album: « Vieux Frères ».

L’historien Arnaud Baubérot dans Libé: « Fauve et son public appartiennent à cet âge identifié mais pas encore nommé, qui va en gros de 15-16 ans à 25-30 ans, et qui correspond à une longue phase d’intégration dans la société et d’assimilation de ses contraintes ». Pas de clivage chanteur/spectateur ici, mais des personnes d’une même génération qui font face aux mêmes questionnements, l’un servant de haut-parleur, l’autre passant le mot.

Fauve, grâce à une utilisation permanente et intelligente des réseaux sociaux, a créé une véritable communauté autour de lui, un vrai clan. «On peut clairement parler ici de phénomène naturel, parti du bouche à oreille, accentué par un travail d’images incroyablement malin sur le Net », explique Vincent Frèrebeau, patron du label indépendant Tôt ou Tard, toujours dans Libération. Ce qui permet aussi à Fauve de rester indépendant. Et donc, proche de ses fans.

Prochaine étape? Vingt concerts au Bataclan de Paris entre février et mai.

3. Le propos

« ≠ FAUVE n’a pas d’ambition hormis celle d’aller mieux et de rester debout. FAUVE rêve de baiser les rapports humains baisés, de défaire son défaitisme, de haïr sa haine, d’avoir honte de sa honte, d’enculer le BLIZZARD, de réparer ses erreurs et de trouver l’Amour. FAUVE est désespérément optimiste ≠ »

D’abord le style musical, au croisement du rock indé, du rap, du slam et de la chanson, qui laisse de l’espace aux textes. Des textes déclamés, comme vécus, la véritable matière première du groupe. Fauve parle à ses fans. « En plaçant des mots sales sur les sales maux d’une génération contrariée, Fauve indigne plus qu’il ne déprime, et donne à penser l’amour en rebattant les cartes de la chanson française », écrivait les Inrocks avant même la sortie du premier EP.

Le propos de Fauve? « La société de consommation ordonne de se réaliser, d’être heureux et offre toutes sortes d’artifices pour cela, explique encore l’historien Arnaud Baubérot à Libé. Mais, paradoxalement, cela suscite l’angoisse de ne pas y arriver ; et le constat que les moyens offerts sont frelatés et ne permettent pas réellement d’accéder au bonheur. En fait, ce qu’ils expriment, c’est le désir de relations plus authentiques pour pallier la difficulté à trouver sa place dans la société ».

Pas facile d’être jeune en 14…

Et voilà comment Fauve est dans la place. (Pardon, FAUVE ≠). Et c’est somme toute logique. Fauve est dans son époque, il comprend et décrit les maux de sa génération, agit en « vieux frère » de ses fans qu’il accompagne dans leur mal de vie. Un phénomène socio-culturel autant que musical qui risque fort de marquer son temps de son sigle ≠.

Quant aux autres, les détracteurs, ceux qui n’y voient rien d’autre qu’un groupe d’adolescents attardés, au ton désespérément premier degré et dramaturgeant pour mieux broyer du vide, du genre à faire passer Damien Saez pour un intellectuel et regretter Indochine… Courage, fuyons!

La critique de “Vieux Frères – Partie 1” par Didier Stiers.
L’interview dans le Mad de cette semaine.

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Journaliste lesoir.be

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2 Comments

  1. Jotelet

    10 février 2014 à 18 h 08 min

    J’ai écouté l’EP ainsi que l’album.

    C’est vraiment de la “musique pour tous”. Les pistes instrumentales ressemblent à du shoegaze dilué, avec une dose de rap qui ne fait pas peur aux bourgeois. Que dire des textes… Si Saez c’est votre came, oui, sinon ils n’ont aucune crédibilité.

    C’est de la musique de bobos, et ce n’est pas très intéressant. Autant écouter “Les Discrets”…

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