Beady Eye, Gallagher style

Liam Gallagher était en ville. C’était lundi, au Cirque Royal avec Beady Eye. Et donc, Gallagher, de nos jours, sans son frère, ça joue comment? A fond les ballons, ça joue, à la Zlatan!

Dès son arrivée, premier à monter sur scène, le cheveu ras, sa chemise-tablier de peintre en bâtiment et son essuie à la main, on le sent chaud-bouillant le père Liam. Prêt à jouer son match, se battre sur tous les ballons et mener son équipe à la victoire. Il salue, applaudi le public, et démarre au quart de tour sur ‘Flick Of The Finger’. Les mains dans le dos, la nuque tendue, la voix claire et puissante qui sort du bide. Il est chaud. Chaud! Ce soir, ce sera la victoire sinon rien.

On ne mentira pas. Beady Eye, on n’allait pas miser un kopeck dessus. Pensez bien, des gars habitués à jouer mécaniquement des tubes de quinze ans d’âge devant 20 000 personnes. On avait vu Oasis en concert. Blasés qu’on les sentait tous. Quelques lalala avec la foule et c’était plié. Le match était de toute manière gagné d’avance, aucun enjeu. Alors quand on a retrouvé le même groupe il y a quatre ans amputé de son principal songwriter, on n’y a jeté qu’une demi-oreille. Et étant donné le parti pris (terriblement) retro du premier album, cela suffisait largement. Et puis, sur le deuxième (« BE », 2013), Liam et sa cliques ont fait appel à Dave Sitek (TV On The Radio). Et pour la première fois, un Gallagher faisait du rock du XXIe siècle. Remise en question? Conscience de repartir de zéro? En tout cas, il y a désormais un enjeu: la reconquête!

C’est ce qu’on s’est dit durant tout le concert. Beady Eye n’est pas là pour faire de la figuration, cachetonner, où faire son boulot comme un fonctionnaire. Non. Il est là pour reconquérir!

beady eye

Le son d’abord. Du (trop?) gros son. A la Kasabian, presque. A six sur scène, Beady Eye mouille le maillot. Ensuite, la setlist, identique sur toute la tournée, ne laisse rien au hasard. Pensée, travaillée, elle ne laisse aucun temps mort (même les titres avant et après le concert sont étudiés… Sex Pistols pour éteindre, Sid Vicious pour rallumer). Et on se rend compte que ce deuxième album de Beady Eye regorge de quelques chansons qu’il serait bien snob de nier. ‘Flick Of The Finger’, donc et puis ce doublé ‘Soul Love’/’Second Bite Of The Apple’, ‘Shine A Light’ plus tard… Dans la morosité dans laquelle se trouve le rock anglais actuellement, ces quatre morceaux nous poussent à écrire qu’il faut aussi compter avec Beady Eye.

Bien sûr, tout est loin d’être à niveau et le parti pris grosse sono rentre dedans s’avère par moment épuisante. Mais le groupe semble en être tout à fait conscient. Et quand les titres manquent pour maintenir le niveau d’intensité, le Gallagher s’en va piocher dans le back catalogue. Et pas n’importe lequel, pas les quelques titres qu’il a écrit sur le tard, non. D’abord ‘Wonderwall’ à la demi-heure. Et un quart d’heure plus tard, ‘Cigarettes & Alcohol’ qui rend toute la salle berzerk! « I was lookin’ for some actiiiiion/ But all I found were cigarettes & alcohol » Toute une carrière résumée en une phrase. Et l’atmosphère déjà bien moite de redoubler d’humidité.

Et puis, surtout, il y a la bête au centre, qui mène les troupes. Rien d’extravagant, mais l’attitude, l’énergie, la tension qui se dégage de sa voix, de sa posture, sa chemise-tablier et son essuie à la main. Il ne le lâchera pas de la soirée, son essuie… Au départ, on se demande, qu’est-ce qu’il fout avec son essuie? Ben, il s’essuie… Le front, le bide. Descend ensuite une demi-bouteille d’eau et repart à l’attaque. Mouille le maillot. Ne lâche rien, la nuque tendue, la tête en arrière et l’énergie, la tension qui s’expriment dans sa voix, claire, distincte, puissante, sorte de mélange entre Johnny Rotten et John Lennon, envoyant un dernier « Come Oooonnnnnnn! » pour terminer par un petit bain de foule, serrant les mains, signant des couvertures de magazines qu’on lui jette, lançant un dernier salut, à dix mille lieues de l’image de trou du cul arrogant qu’on a fait de lui, mais proche des siens, de son public, ses supporters. Ou, pour résumer plus simplement: rock & roll, quoi!

DIDIER ZACHARIE

Setlist: Intro White Smoke/ Flick of the Finger/ Face the Crowd/ Four Letter Word/ Soul Love/ Second Bite of the Apple/ Iz Rite/ Shine a Light/ Wonderwall/ The World’s Not Set in Stone/ I’m Just Saying/ Soon Come Tomorrow/ Cigarettes & Alcohol/ The Roller/ Start Anew/ Bring the Light/ Wigwam/ Rappel: Gimme Shelter (Rolling Stones cover)

Journaliste lesoir.be

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