[PIAS] Nites: Whatever happened to my rock n’ roll?

dEUS, Girls In Hawaii, Mélanie De Biasio, l’affiche rock des PIAS Nites avait de l’allure. Sur le papier.

Y a des soirées comme ça. On se dit que ça va être grandiose. Et puis en fait non. On se sent juste un vieux parmi les vieux. Partie d’un monde qui s’écroule, qui s’est écroulé depuis un moment, en fait, sans qu’on s’en rende vraiment compte, et pourtant, faut bien dire ce qui est : le rock, c’est quand même pas très rock n’ roll…

La veille, au même endroit, la soirée électro avait rameuté le double de personnes (9000), à guichets fermés depuis des semaines, jusque pas d’heures. On en a vu des tronches, le lendemain, du genre à transpirer et remuer du fessier comme s’ils se trouvaient toujours devant la minimale de Paul Kalkbrenner alors que sur scène, Mélanie De Biasio tentait de créer une ambiance de salon feutrée d’après minuit.

Pauvre Mélanie, coincée entre deux scènes. La grande, bien trop grande pour son répertoire jazz after dark matinée de pop indé, la petite, trop étroite et polluée par le brouhaha incessant des discussions. Et pourtant, la De Biasio a quelque chose, du style, une présence, un univers… Une voix à la Nina Simone et un physique à la Barbara. Elle prend le temps pour installer l’atmosphère adéquate, les morceaux ont quelque chose de hanté, d’habité… Mais là, c’est juste pas l’endroit. Trop de bruit de fond, pas assez de son sur scène. Trop gracieuse pour le zoo, Mélanie. Dommage. Mais c’était un peu à prévoir.

© Poukette

© Poukette

(La belle, qui a reçu samedi un disque d’or pour son “No Deal”, sera de retour cet été à Werchter (c’est mérité!) et aux Ardentes. En attendant, tournée française, quelques dates aux Pays-Bas et une à Londres. Go, Mélanie!)

De l’autre côté, les Girls In Hawaii ont déjà commencé. On se dit, ça va nous rebooster, la soirée va décoller, d’ailleurs, les gars du BW mettent le paquet et semblent en forme: ‘I’m Not Dead’ en deuxième titre, ‘Sun of the Sons’, tout ça… Le problème, là, c’est le son. Ça bastonne, mais ça bastonne creux dans ce vieux hangar à moitié rempli. C’est l’autre problème. C’est calme, cette ambiance, gentil, mignon, poli, mais rien qui bouge. Et puis cette impression que les Girls In Hawaii font le même concert depuis… dix ans. On vous entend éructer! Les nouveaux morceaux! La montagne qui s’illumine! L’émotion! Rien à voir! Mouais… Mais y a vraiment pas grand chose qui diffère non plus. A part un nouveau titre qui sonne comme du Coldplay, mais bon… On les aime bien quand même.

Restait le gros morceau de la soirée. dEUS, concert unique en 2014 en Belgique, vingt ans du premier album mythique, parrains du rock belge! dEUS, quoi! On savait que les Anversois n’allaient pas marquer le coup, que ce ne serait pas un concert anniversaire, la belle époque, tout ça… ‘fin, de là à ne jouer qu’un (UN… 1!) titre de « Worst Case Scenario », le téléphoné ‘Suds & Soda’ en fin de rappel, il y avait de la marge… A la place, on a eu droit à un best of des années 2000 avec quelques incursions dans « In A Bar Under The Sea » et un ‘Instant Street’ tiré de « The Ideal Crash ». Et dEUS nous a surtout fait l’impression d’un bon cover band de dEUS… Savez, un de ces groupes qui vivent sur leur passé mais sans l’accepter. Oh, le son exécrable a bien sa part de responsabilité, mais bon, c’est 50/50 on dira. On a bien essayé de dodeliner de la nuque, de rentrer dans le jeu, le Tom sur scène a tellement l’air dedans qu’il doit bien y avoir quelque chose à piocher… Sauf qu’on sait d’avance que ‘Bad Timing’ enchaînera ‘Nothing Really Ends’ et que tout cela nous importe finalement très peu. Et on va jusqu’à espérer que le Tommy se remette au cinéma, tiens.

Dans l’autre salle, c’est le désert. Le concert n’en est pas à sa moitié que tout le monde range déjà. A minuit et demi, on ferme. Les tickets boisson? Désolé, les bars sont fermés. Minuit et demi! Un samedi soir! Soirée rock n’ roll! Ah, non, fini. Mais bon, c’était une soirée pour les vieux trentenaires un peu nostalgiques, non? Une heure du mat’, on nous montre la porte, il est grand temps (toute façon, y a plus personne). On va rentrer se faire une petite camomille et prendre un bain de pieds devant Match of the Day. Quel carnage!

DIDIER ZACHARIE

Journaliste lesoir.be

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8 Comments

  1. Eddy

    17 mars 2014 à 13 h 33 min

    L’auteur de cet “article” a visiblement passé un mauvais moment. Pas assez de tickets boissons gratuits? Mal dormi ? Pas reçu de VIP pass ? On ne le saura sans doute jamais. Mais en fait on s’en fout… Pour une vraie chronique de la soirée, intéressante et bien écrite (pas par un stagiaire donc), allez donc sur le site du Morgen…

  2. Fa

    17 mars 2014 à 13 h 46 min

    Dommage d’oublier de parler de Milky Chance qui ont été vraiment excellent !

  3. El Tié

    17 mars 2014 à 20 h 34 min

    En effet, l’auteur de l’article a surement passé la soirée vautré dans les fauteuils du “lounge” ou au bar après sa soirée électro de la veille !La chronique du journal “De Morgen” est super bien écrite et pleine de répartie.

  4. Luc Tambeur

    18 mars 2014 à 14 h 54 min

    Autre point de vue sur “Minuit dix” via http://www.minuitdix.be/archives/2014/03/16/29448913.html
    On partage?

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