Woodstock sur Senne (une fois)

Pris ces jours-ci par de soudaines envies de voyage ? Tentez l’expérience Moaning Cities : ces Bruxellois vous baladeront dans l’espace comme dans le temps.

Le groupe a pris forme il y a trois ans, rassemblant Bertrand à la guitare, Greg à la batterie, Valérian au chant et sa sœur Juliette, qui revenait alors d’Angleterre avec une petite expérience en la matière, à la basse. Fin 2011, Moaning Cities accouche d’un premier titre assorti d’un clip (« See you fall »), puis est rejoint par Tim et son sitar. Un ep voit le jour en septembre 2012, logiquement suivi de concerts.

Tout aussi logiquement, le groupe s’attaque alors à la confection de son premier album (recommandable, ce disque, sinon il n’en serait pas question ici), dans une maison vide pour cause de mise en vente. Le reste est d’actu : Pathways Through The Sail (c’est le titre de ce disque, je le précise ami(e) internaute au cas où tu aurais été distrait par le cri du marchand de glace), Pathways Through The Sail donc sort à la mi-février sur un label bruxellois indépendant, Mottow Soundz, et fait l’objet d’un release concert au Bota.

 

Bien sûr, l’emploi du sitar fait de vous un groupe « belge » particulièrement atypique, mais votre manière de traiter le son rock, très ample, vous distingue également, non ?

Valérian : Ça vient de ce qu’on écoute à la base. Nous avons un intérêt commun pour la musique des sixties et des seventies. Woodstock, clairement les Beatles, tout ce qui est psyché ainsi que le revival psyché actuel avec BRMC, Black Angels et les autres. C’est ce que nous écoutons depuis pas mal de temps et qui nous a donné cette envie. Ça nous éclate complètement, et le fait de baigner là-dedans a eu son effet. Ce son n’est pas un hasard, il y a vraiment eu un travail là-dessus : c’est vers ce son-là que nous voulions aller. Après, ça reste quelque chose qui est vécu et ciselé à Bruxelles, où il suffit d’ouvrir les yeux pour voir qu’il y a ici aussi un peu de Turquie, ou de Moyen-Orient… Notre souci n’est pas juste esthétique, ça a finalement aussi du sens d’aller chercher ces couleurs musicales, ou ces compos conduites par le sitar. Même si ça vient de loin, c’est également tout à fait accessible dans cette ville.

L’intérêt pour les sixties et les seventies, c’est à cause de la discothèque de vos parents ?

Il y a ça, mais c’est aussi parce qu’il y a des points communs entre ce qui s’est passé à la fin des années 60 et ce qui se passe aujourd’hui. On peut se retrouver dans cette idée de rêve, d’envie de libération éprouvée par la jeunesse de cette époque-là. Ce qu’elle défendait, ce dont elle voulait s’émanciper est toujours là, même plus fort encore aujourd’hui. Que ce soit par rapport à la société de consommation, à la vie dans des villes où il n’y a quasi pas d’interactions entre les gens… Et puis, nous avons tous plus ou moins vécu une sorte d’initiation musicale à un moment, avec quelqu’un qui nous a dit « Tu aimes bien ça ? Tiens, écoute alors un peu ça… » Il y a aussi tous ces groupes que nous aimons bien, et qui eux-mêmes renvoient à d’autres du passé. Ça, c’est toute la richesse d’Internet : notre génération a les moyens de s’éduquer de la sorte. Tu as même aujourd’hui des gamins de 14 ans qui sont des pointures tellement ils connaissent des trucs, qui n’ont plus besoin d’attendre la fin du mois et leur petit argent de poche pour aller s’acheter trois cd !

Et ce sitar, il vient d’où ?

Tim : C’est un grand mystère ! Un jour, je déménageais un pote, et il m’a donné un CD de Ravi Shankar en me disant que ça allait me plaire. Je suis rentré chez moi et ça a été… l’explosion ! Si tu écoutes « Loser », de Beck, il y a du sitar dedans… Les Beatles l’ont utilisé aussi, donc il y avait déjà un terreau fertile. Puis est arrivé un moment de ma vie où j’étais « en crise » : il fallait que je parte, loin, faire un voyage initiatique. Et ça faisait aussi plusieurs semaines que j’essayais de trafiquer ma guitare pour avoir d’autres sons, d’autres vibrations. J’ai pété les plombs. Je suis donc parti m’installer un moment en Inde, où j’ai cherché un prof, pour acquérir des techniques classiques. L’idée était de me dégager de tout et de me lancer là-dedans. Bon, en rentrant, je me suis un peu fait rattraper par le rock’n’roll. Mais je pense que c’était aussi un vieux rêve qui était enfoui, justement de fusionner ces grosses guitares rock’n’roll et ce côté « oriental ». Il y a deux ans, c’est magiquement devenu évident.

(à suivre)

Didier Stiers
(Photo : Nico Neefs)

Ce mardi soir à Liège, au Mad Café, en première partie de Warlocks, le 3 mai au Belvédère à Namur avec The Feeling Of Love, et le 28 mai au VK, en ouverture de Radio Moscow.

 

Didier Stiers

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