Jonathan repart à la conquête des hit-parades internationaux. Avec un quatrième album plus posé encore.
Cela fait déjà trois ans ! Milow – alias Jonathan Vandenbroeck – faisait parler de lui en 2011 autant pour son succès dans une vingtaine de pays que pour ses prises de position courageuses contre la N-VA.
Révélé en 2008 par sa reprise originale du « Ayo Technology » de 50 Cent, suivi par « I Don’t Know », Milow a disparu après cinq années de tournées incessantes. Il est allé s’installer à Los Angeles en janvier 2012 : « J’ai demandé à mon agent de me trouver un appartement dans le quartier de Venice, pas loin de l’aéroport, nous a-t-il raconté. Sans savoir combien de temps j’y resterais. C’était dans l’idée de me reposer. Mais quelques semaines plus tard, j’acceptais une résidence à l’Hotel Cafe, à West Hollywood, où j’ai chanté, seul avec ma guitare. J’ai ainsi découvert que je n’avais pas à tout prix besoin de musiciens ou d’ingénieur lumières. À la fin de la tournée en 2011, je sentais que tout était fixé, que je ne pouvais pas improviser. Là, ça m’a fait du bien. »
Le choix de Los Angeles s’explique aisément. En 1999, à 18 ans, Jonathan est allé refaire sa rhéto durant un an à San Diego. Un souvenir très important : « C’est en 2009, quand tout a explosé pour moi ici que j’ai pleinement ressenti l’influence de cette année en Californie. Je ne me suis jamais dit : oui, je suis là où je voulais arriver, mais bien : il faut que je raconte à mes copains américains que je passe à la radio belge. Ça ne les aurait pas impressionnés, vu l’expression un peu moqueuse Big In Belgium, mais je leur aurais dit que j’avais du succès aussi en Hollande, en Allemagne, en France. C’est aussi un processus mental qui m’encourageait. »
Milow passe l’année 2012 à écrire des chansons et vient en Europe pour trois semaines d’un set acoustique destiné à tester les nouveaux titres sur le public et là, quelque chose ne va pas : « Je me suis rendu compte que ces chansons ressemblaient trop à ce que j’avais déjà fait. Un peu déçu par ce disque que je n’ai jamais enregistré, j’ai tout jeté, à l’exception d’une chanson et suis retourné en Californie pour tout recommencer de zéro. »
Même s’il s’entoure d’un producteur (Kevin Augunas) et de musiciens américains (qui ont joué avec James Taylor ou Jackson Browne), Jonathan met un point d’honneur à réaliser ce qu’il appelle un disque belge, restant lui-même, tant dans les thèmes abordés que la sonorité choisie : « C’était très important pour moi. Et le plus beau compliment est venu de ces musiciens qui étaient étonnés que le disque soit si varié. Dans le précédent album, North And South, je parlais de la Belgique, notamment au travers de la chanson “Kingdom”. Ici, j’ai fait pareil avec “Mistaken” qui parle des erreurs que nous continuons de commettre en pensant que tout va bien depuis le sauvetage des banques alors que rien n’est réglé, à commencer par le chômage dans le sud de l’Europe. “My Mother’s House” parle véritablement de la maison où j’ai grandi, à Wespelaar, près de Werchter et que ma maman va mettre en vente. »
Vivant entre L.A. et Louvain (« Pour être aussi près de l’aéroport », dit-il en riant), il ne s’occupe plus trop de politique belge mais ne change rien à ce qu’il a pu dire par le passé : « Je remarque que ce qui se passe en Belgique, on le retrouve aussi dans d’autres régions, en Allemagne entre ouest et est, ou en France entre la province et les grandes villes. Je reste fidèle à mes opinions et ne regrette rien de ce que j’ai pu dire contre la N-VA. Je sais que beaucoup, en Flandre, n’ont pas compris et n’étaient pas d’accord avec mes opinions. Je comprendrais que la majorité de mon public ne pense pas comme moi. Ceci dit, si quelqu’un vient me trouver pour me dire qu’il n’aime plus ma musique à cause de ce que j’ai pu dire, c’est qu’il ne l’aimait pas tant que ça… »
THIERRY COLJON
Milow sera le jeudi 3 juillet au festival Rock Werchter.
“Silver Linings” : notre critique * * + l’écoute intégrale sur Deezer.