Release party pour Grégoire Fray et son groupe, retour sur scène pour Jérôme Deuson, première édition du Rockerill Festival : ce week-end fut chargé en inédits et try-outs de toutes sortes.
Le Rockerill est le genre d’endroit assez incroyable où il faut aller au moins une fois dans sa vie. Et même plusieurs fois désormais, vu la qualité des affiches proposées par les animateurs des lieux. Le 3 mai, par exemple, ils y ont invité Laurent Garnier… et c’est déjà sold out. Jeudi, ils y servent à nouveau leurs Apéros Indus. Line-up de cette rentrée : Castles pour le tour de chauffe, puis Kid Noize et Aeroplane pour adorer le dieu Travail comme il se doit.
Ce samedi, dans les anciens bâtiments de Cockerill-Sambre laissés en l’état ou presque, l’heure est à la techno et au rock punk/garage, à l’occasion d’un premier Rockerill Festival monté autour de ce qui se fait de bien excitant dans l’underground des genres. Franco-belges essentiellement, avec Tits et les Scrap Dealers (l’ep Red Like Blood tout frais via Jaune Orange / Rockerill Records), ou encore Jessica 93, un one man band (« Courageux, ça », dira plus tard et à juste titre un camarade de virée), un one man band donc aux accointances rock/new wave assez rétro. Petit clin d’œil aux décennies passées aussi avec l’Américain The Horrorist : électro et chant, lunettes solaires et casquette d’officier (teuton?), ça le fait totalement sans pour autant révolutionner l’affaire.
Les garçons et les filles de J.C. Satan, eux, nous jouent un soundcheck en live, puis un set coup de poing d’un quart d’heure. J’exagère, mais c’était court quand même. Jouissif mais court. Trop. Du coup, parmi les bonnes impressions embarquées sur la A54 vers 5h du matin (toutes les bonnes choses ont une fin), on retient aussi la générosité du Prince Harry. Même que le batteur du trio punk liégeois est carrément épatant : pour un peu, vu sa frappe implacable, on le confondrait avec une boîte à rythmes ! Des claviers et des pads donnent à l’ensemble un petit quelque chose d’eighties synthétiques, mais sans que ça ne verse dans l’hommage servile, voire la copie-carbone joy-divisionesque. Ces mecs-là jouent vite, conjuguent le robotique et l’organique, te serrent les tripes et cognent dans tes rotules. Devant ça pogote, c’est la moindre des choses. « C’est un peu comme Disneyland sous acide », résumait Lio (chant et synthés) au magazine Gonzaï.
Quelques heures plus tôt, soit vendredi au Bota… La release party du soir est double ou presque. Jérôme Deuson revient avec le cinquième album d’aMute dont la sortie officielle est prévue d’ici la fin mai. Savage Bliss, c’est son titre, mêle ambient et petites touches post-rock, pour le présenter brièvement. Deux des huit compos s’achèvent en outre dans un crescendo à donner des frissons. Mais rien de tout ça sur la scène de la Rotonde : Jérôme ne voulait pas, avait-il prévenu, rester planté devant son laptop pendant le temps imparti. Laptop il y a pourtant, mais aussi machines, et même deux douzaines de cordes pour créer des boucles. Et improviser ainsi sur de nouveaux canevas. Bref, ce début de soirée a la forme d’un petit trip évocateur, avec le décollage et l’atterrissage en première classe.
Au décollage, Thot affronte quelques turbulences. Un petit souci de son, en fait, mais il y a paraît-il un nouveau derrière la console. Et si la Rotonde n’est pas forcément le meilleur endroit où laisser s’exprimer cette musique qui vous embarque sur le fil du chaos, tout ça n’a pas raison du charisme de Grégoire Fray. Lequel est sur scène, entre les éclairages verticaux et le projections, particulièrement expressif sans jamais en faire trop. Ici aussi, les claviers s’intègrent parfaitement, dans ce qui pourrait être la bande-son d’un jour et d’une nuit dans la grande ville.
Didier Stiers
_Nessun_Dorma
29 avril 2014 à 9 h 25 min
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