Détroit, comme il vient

Il y a des soirs comme ça où un concert se transforme, devient un peu plus qu’un concert… Ce jeudi à l’Ancienne Belgique, avec Bertrand Cantat, Pascal Humbert et les autres, l’impression était presque palpable.

Ce matin (il est grosso modo 01h45), un camarade se pose la question de savoir si, malgré l’atmosphère incroyable – dans laquelle on baigne encore toujours un peu d’ailleurs -, on n’a pas assisté à un concert de Noir Désir plutôt qu’à un concert de Détroit. L’interrogation n’a rien de rhétorique…

Déjà par ce qu’on a entendu ce soir : 17 titres sur la setlist au demeurant parfaite, dont 8 extraits de l’album du duo que Bertrand Cantat forme avec Pascal Humbert, et 9 tirés du répertoire de l’emblématique groupe de rock français. Ensuite, à 20h40 précises, quand Détroit monte sur scène, on sent bien que la ferveur qui se dégage de la salle se manifeste un peu plus à l’égard du même Cantat que de ses musiciens.

Difficile, aussi, de ne pas voir renaître des images de Noir Désir, face à l’auteur et à l’interprète, incendiaire, animal, mais qui chante aussi la tristesse et la douleur. L’homme, lui, a entre parenthèses la délicatesse de rester sobre : un ou deux « merci beaucoup », quelques gestes de la main pour montrer à quel point les réactions lui vont droit au cœur, et plus tard, « c’est un grand plaisir d’être avec vous, c’est un grand honneur de jouer en Belgique »

DETROIT

Mais Détroit alors ? C’est avec les nouveaux morceaux que le groupe (Guillaume Perron à la batterie, Bruno Green aux claviers, Nicolas Boyer à la guitare, Pascal Humbert à la basse et à la contrebasse) ouvre la soirée. Douceur touchante de « Ma muse »… Sur l’« Horizon », les projections esquissent des étoiles, des codes-barres et des barreaux. Oui, ça parle de prison…

En fait, Détroit fascine aussi. Juste un peu différemment. « Droit dans le soleil » ouvre le premier rappel. Le violon de Catherine Graindorge et le violoncelle de la Luxembourgeoise Lisa Berg s’installent dans un silence quasiment recueilli, assuré par quelques « chut », à l’attention des rares bavards.

« Sa majesté », salace mais avec un rien de théâtralité, presque jouette, rallume peu à peu le brasier. On en revient alors à Noir Désir, avec une « Fin de siècle » libératrice, et  ce « Tostaky » sauvage malgré un (amusant) pont… disco ! Second rappel : « Le vent nous portera ». La version est un rien plus enlevée, mais le violon de Catherine Graindorge y joue magnifiquement le contrepoint mélancolique.

« Comme elle vient », issu de l’album 666667 Club de 96,  fait une dernière fois basculer l’AB. Alors oui, on se retrouve avec quinze ans de moins, à s’abîmer la gorge sur ce refrain qui fait « encore et encore ». Deux heures viennent de passer comme une seconde intense. Un « Ange de désolation » nous a serré la gorge. On s’est noyé dans la lave du « Fleuve »… et on y retournera dans les semaines à venir.

Didier Stiers

La setlist

Ma muse – Horizon – Des visages des figures – A ton étoile – Le creux de ta main – Lazy – Le fleuve – Lolita nie en bloc – Ange de désolation – Null & void

Rappel 1
Droit dans le soleil – Glimmer in your eyes – Sa majesté – Fin de siècle – Tostaky

Rappel 2
Le vent nous portera – Comme elle vient

Détroit sera à Dour le 17 juillet puis repassera par l’Ancienne Belgique, les 7 (soldout) et 8 octobre.

Toutes les photos du concert.

Didier Stiers

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