Nuits Botanique (jour 1): BRNS, LDO et la science des sons

A priori, voilà deux groupes que rien ne relie. Mais à priori seulement : en ce premier soir au Bota, on a notamment vu des musiciens partageant un même goût du risque et de la recherche.

Long Distance Operators, c’est à la fois des chansons et des paysages musicaux. Ceux que dessinent le violon de Catherine Graindorge et la guitare de Hugo Race. Ce dernier, qui joue aussi avec les sons sur une petite console, prête également sa voix au projet. Une voix au timbre chaud, un peu envoûtant, proche de celle d’un Nick Cave (Hugo Race a passé deux ans avec les Bad Seeds), d’un Stuart Staples ou d’un Leonard Cohen (sur « Eternally yours », c’est même saisissant). Deux autres musiciens sont à leurs côtés : Nico Mansy au clavier, et Joël Grignard à la contrebasse.

L’origine du projet, noué entre la Belgique et Down Under, remonte en fait à la rentrée 2012 : la violoniste bruxelloise présente alors son premier album solo, The secret of us all, et l’Australien a été invité à l’accompagner. Il chante sur deux titres du disque : « Extreme lengths » et la plage titulaire… qu’on réentend ce vendredi soir, achevée sur un très beau crescendo. A propos d’album : celui de LDO, le premier donc, est promis pour l’an prochain.

Ce sont évidemment les passages purement instrumentaux (ici et là plus « expérimentaux » mais pas trop) qui donnent cette impression de paysages ou de voyages. Sans que cela ne tourne à la démonstration technique, les effets sur le violon leur donnent de la profondeur mais leur confèrent en outre un petit quelque chose de mystérieux. Quoi qu’il en soit, c’est avec deux chansons offertes en rappel que s’achève cette première, deux chansons dont « Cry me a river », torch song s’il en est, pour laquelle Hugo Race se fait crooner.

 

Frontstage - BRNS
Les Nuits Botanique, les garçons de BRNS commencent à bien les connaître aussi. Ce vendredi soir, pour eux, c‘est Rotonde pleine. Comme un œuf ! Le groupe draine certes un public enthousiaste, mais là, il débarque avec une setlist aux trois-quarts faite de nouveaux titres. Lesquels figureront sur Patine, l’album qui doit succéder en août au « mini » Wounded d’il y a deux ans.

Concert sold out donc, mais surtout, première fois que le groupe joue autant de nouveautés en une fois sur une même scène. Tout cela à l’aube d’une tournée en Allemagne qui fera quelques détours, par la Suisse, l’Autriche et la Slovénie. Vous avez dit « bosseurs » ? Aux attendus (ben oui, « Mexico », quoi !) viennent donc désormais s’ajouter des « My head is into you » et autres « Void », qui s’aventurent ici et là sur des terres parfois (post- ou math rock).

Les tournées et les concerts passés mais aussi les bonnes critiques n’ont en rien modifié le cap de ces compos qui étonnent toujours par leur dynamisme. Oui, ce sont des chansons, plutôt pop, mais explosives. À la batterie et aux percus, le travail est varié, riche et souvent inventif. Et comme c’est le batteur qui donne le plus souvent de la voix, ceci explique en grande partie cela. Ce qui n’enlève rien aux qualités du groupe, qui répond aux attentes, qu’elles soient cérébrales ou physiques. Avec aisance, cohésion et un certain lâcher prise qui compense sans souci  l’absence de show au sens propre du terme.

Didier Stiers
(Photo Long Distance Operators : Dominique Duchesnes)

BRNS
– La setlist : Void, Behind the walls, My head is into you, Interlude, 1234, Mexico, Omen, Inner hell, Here dead he lies, Any house + ???, Our lights.
– En Belgique : le 16 août au Pukkelpop et le 10 octobre à l’Ancienne Belgique.

 

Didier Stiers

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