The Brian Jonestown Massacre will never die

D’abord programmé à la Rotonde, c’est dans une Orangerie remplie que le Brian Jonestown Massacre a fait son retour sur une scène belge. Et ça a été une sorte de triomphe. Comme une résurrection.

Ils sont tous là. Franchement, c’est un petit miracle. Déjà, ils sont vivants, et rien que ça… En prime, ils ont l’air clean. Bon, work in progress, tous bouffis par les médocs qu’ils sont (Newcombe dans Rock&Folk: « Ce n’est pas du Prozac que je prends, c’est un truc plus sérieux que ça. De toute façon, je n’avais pas le choix »)… Mais voilà que pour la première fois (en trois occasions), on voit le Brian Jonestown Massacre jouer à jeun. Et on découvre à quel point ce groupe est bon.

Le Brian Jonestown Massacre? « Le Velvet Underground des 90’s ». C’est ainsi que le groupe d’Anton Newcombe était présenté à la presse européenne par les frères ennemis de Dandy Warhols vers la fin des années 90. Ensuite, il y eut le rockumentaire Dig! en 2004 qui retraçait les parcours parallèles des deux groupes: d’un côté les Dandy qui jouissaient alors d’un certain succès, de l’autre, le BJM farouchement indépendant et souterrain. Au milieu du jeu, la personnalité trouble d’ Anton Newcombe: visionnaire, dictateur, génie, psychopathe, autodestructeur…

C’est avec Dig! que l’Europe découvre le Brian Jonestown Massacre qui apparaît alors comme le dernier bastion d’une mythologie rock en perdition. Tout y passe: vie en communauté, leader autiste, drogues à foison, bastons en plein concert, entre les musiciens, avec le public, alors que dans le fond de la salle, des pontes des maisons de disques regardent ébahis le spectacle offert par un groupe qu’ils s’apprêtaient tous à signer… Un carnage. Mais un carnage!…

Poukette

Poukette

Paradoxalement, c’est grâce à ce film largement conspué par sa principale tête d’affiche, que le BJM trouve son public, est invité à jouer en Europe, et achète sa liberté (Newcombe a créé son label A Records). Mais tout cela ne pouvait pas durer, c’était impossible. Juste le temps de la curiosité, comme quand on allait voir Pete Doherty à moitié vivant sur scène, ça va cinq minutes, et puis ça devient glauque et d’autant plus inintéressant que… où sont les chansons?

Et c’est peut-être ça qui était si beau mardi soir au Bota. Non seulement ils étaient tous là, rabibochés, vivants, clean, devant un public nombreux et enthousiaste, mais le BJM a prouvé que, loin d’être un groupe de foire, il était purement et simplement un des meilleurs groupes de rock actuels. Et peut-être même le meilleur. De toute façon, ce sont eux les parrains de la scène… Black Angels, Deerhunter ou Black Lips, tout ce qui sonne un tant soit peu garage et/ou psyché depuis les années 00 doit quelque chose à Anton Newcombe et ses sbires.

Dès l’entame avec « Vad Hände Med Dem? » qui ouvre le dernier et recommandé album Revelation, ça sonne à merveille. Mélodies claires, rythmique soutenue, groupe appliqué… Ils sont huit sur scène et jusqu’au bout, le groupe restera appliqué, tout en gardant ce côté sale, fragile et décadent. Rien n’est forcé. Tout est honnêteté et vécu. Et les chansons qui se dévoilent les unes après les autres, celles du dernier album, et les vieilleries comme ce « Not If You Were The Last Dandy On Earth », pastiche/foutage de gueule des frères ennemis jouissif et accueilli comme un tube, sont toutes solides, agréables et maîtrisées.

Bon, évidemment, il y a eu des longueurs – et encore, rien à voir avec les performances passées… -, ça reste très référencé et très linéaire sans vraie montée d’intensité pour un concert qui a duré pas loin de deux heures sans rappel. N’empêche, le final dans un déluge d’électricité (cinq guitares!) était grandiose, l’ambiance était décoincée du slip (au Bota, c’est pas souvent le cas) et en sortant, la conclusion ne fait pas deux plis: on vient de vivre haut la main un des meilleurs concerts rock de l’année.

My My (Hey Hey), The Brian Jonestown Massacre is here to stay!

DIDIER ZACHARIE

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Journaliste lesoir.be

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