Le groupe californien était l’une des grosses pointures attendues ce vendredi. Et il figurait ainsi pour la huitième fois à l’affiche du Graspop. Impressionnant… mais dans une certaine mesure.
Certes, il y a quelque chose de monstrueusement mécanique dans cette présence que dégage la bande à Tom Arraya. Lui, d’abord : immobile derrière son micro, le visage seul semblant doué de vie, exprimant toute sa rage avec une sorte de froideur calme. Et on se prend « Mandatory suicide » comme une claque. Les deux guitaristes aussi impressionnent. Kerry King (avec sa barbe tressée, ses chaînes) et Gary Holt (on dirait un Zach Galifianakis halluciné) font parler l’électricité de part et d’autre de la scène, switchent avec une régularité de métronome, et puis s’en vont reprendre la pose à leur place initiale.
Certains font la fine bouche. « C’est toujours la même chose avec eux », entends-je juste à côté de moi. Possible. Mais ces représentants du Big Four (avec Anthrax, Megadeth et Metallica) sont en festival et donc supposés y aller de leurs fondamentaux en un temps réduit : l’hommage à leur défunt guitariste, Jeff Hanneman, décédé l’an dernier (« Angel of death »), ou « Raining blood », annoncé par le light show rouge et les coups de drums… Tout est dans le son, chez Slayer : cette batterie, justement, qui fait trembler le terrain, le timbre d’Araya, les riffs incessants… C’est pro, c’est propre (façon de parler) et bouclé sans qu’on ait eu le temps de s’en apercevoir ! Alors oui, ça manque peut-être juste d’un truc qu’on attendait après avoir revu de vieilles images. Un doigt de frénésie, quelque chose comme ça.
Didier Stiers