Placebo, chaud et humide

Peut-on décemment se produire sept fois à Werchter et encore faire de l’effet ? Bonne question, posée ce jeudi à l’occasion du passage des Britanniques par la prairie brabançonne. Brian Molko lui-même y a répondu aussi.

Il essaie de se sécher tant bien que mal, Brian Molko. Comme à peu près tout le site de Werchter, l’espace presse n’est plus qu’un grand banc solaire. Le soleil cogne, et à quelques minutes d’une télé, luire de sueur n’est pas particulièrement glamour. C’est en tout cas plus ennuyeux que de sortir de scène complètement trempé ! « Quand il fait comme ça, on en sort aussi assez épuisé, mais d’une belle façon ! Je préfère ça que jouer dans le froid. Tu sues, et tu risques de te retrouver avec une bronchite ou quelque chose du genre. Alors, humide et chaud, c’est mieux ! L’humidité, c’est bon pour la voix, aussi. »

Ces considérations pratiques ainsi évacuées, deux heures avant son concert, évoquons avec l’intéressé le statut de Placebo à Werchter. Le groupe est à l’affiche du festival brabançon pour la septième fois déjà. Mieux : il compte parmi les champions de la catégorie « revenants », rattrapant ainsi sur la plus haute marche du podium Metallica (également de la partie en 2014), les Chemical Brothers et REM.

Tant que nous en sommes à parler de champions, chez Studio Brussel, on s’est justement amusé à recenser ceux qui peuvent prétendre figurer dans le classement des retours les plus fréquents de ce côté-ci du Canal de Willebroek. Sur la deuxième marche du podium, avec 6 fois, on a dès lors : Anouk, 2 Many DJ’s, The Cure, dEUS, Faithless, Moby, Muse, et les Queens Of The Stone Age. Oui, à Werchter, on a aussi le sens du « crowd pleaser » !

Mais revenons-en à Placebo, voulez-vous ? « La première fois, me raconte Brian, c’était en 1997. Et je pense que je me suis vraiment trop marré à ce festival… Je n’ai pas beaucoup de souvenirs ! Mais la connexion avec le public belge a joué un grand rôle dans notre histoire. Werchter, le Pukkelpop… ces festivals-là ont fait une grande partie de notre histoire. »

Tant pis pour ceux qui diront, en découvrant chaque année l’affiche, que ce sont toujours les mêmes qui sont programmés ! L’artiste, lui, a forcément un autre point de vue sur la question. « Pour moi, ça veut dire que les organisateurs voient très, très bien qu’en tant que groupe, nous nous renouvelons constamment. Et donc, il est possible de nous inviter plusieurs fois, parce que ce n’est jamais la même chose. De la même manière que chaque fois que nous enregistrons un album, nous ne faisons pas exactement la même chose. Nous ne sommes pas carriéristes. Je pense que nous aurions pu avoir plus de succès si nous l’avions été… mais ça va à l’encontre de notre instinct. »

Il est 19h40, la bande à Molko monte sur scène et titille d’emblée la corde rock. Un peu louche, un peu sale… Certains titres ont beau être des tubes, ils ne sont pas aseptisés pour autant. Vingt ans plus tard, Placebo sert encore du consistant (Fiona Brice, au violon et au clavier, apporte une touche indéniable), et a toujours le chic pour choisir ses (éventuelles) covers. Point de « Daddy cool », cette fois, c’est le « Running up that hill » de Kate Bush ! Quant à l’effet, il est indéniable : les fans de Metallica ont beau déjà être là en masse, les Anglais ont aussi drainé leur monde.

Didier Stiers

Le 11 juillet aux Ardentes. Suite de l’interview dans le Mad du 9 juillet.

Setlist : B3 – For what it’s worth – Loud like love – Allergic (to thoughts of mother earth) – Every you every me – Soulmates – Scene of the crime – A million little pieces – Rob the bank – Too many friends – Space monkey – One of a kind – Exit wounds – Meds – Song to say goodbye – Special k – The bitter end. Rappels : Running up that hill – Post blue – Infra-red.

 

Didier Stiers

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