Interpol, tout en tension

Un ou deux hits radio, et hop, à l’affiche de Werchter ! On voudrait être un brin mauvaise langue qu’on ne dirait pas autre chose à propos de Bastille, Passengers, Ellie Goulding, George Ezra ou Sam Smith. Un dimanche entre plus et moins convenu… Il en va des sauveurs du rock comme des saisons : on nous en annonce régulièrement l’un ou l’autre. En même temps, comme le soulignait récemment un chroniqueur, le rock n’est pas si mourant que cela. La preuve, par exemple, par Parquet Courts, ce dimanche. Reste que le vivier des p’tits jeunes qui mêlent un peu de rage et de passion à l’électricité des guitares nous vaut régulièrement quelques découvertes. Royal Blood, par exemple… Ce duo british, de Brighton pour être exact, « promotionné » par le batteur d’Arctic Monkeys, n’a qu’un an de bouteille. Au chant et à la basse : Mike Kerr. A la batterie : Ben Thatcher. Mike ne jure que par Led Zep, Jeff Buckley et les Queens Of The Stone Age : il y a pire comme profession de foi ! En live, c’est encore différent des Black Keys, des White Stripes et autres Bots : hargneux, carré, mais aussi mélodique. Selon l’expression consacrée : Royal Blood ne s’embarrasse pas de fioritures. Et ne devient démonstratif qu’en fin de set, quand le batteur grimpe sur son kit. « Notre manière de faire de la musique est celle qui nous semble la plus naturelle, confiait son comparse au webzine Clashmusic. Je n’ai vraiment pas l’impression de faire partie d’un revival. » C’est noté !

Cheveux défaits, combishort bleu marine à pois blancs, Birdy assure comme une pro. La demoiselle, qu’on a déjà vue seule au piano, est bien entourée (quatre musiciens pour l’occasion) mais s’accompagne elle-même à la guitare. Après un « Words as weapons » du coup bien enlevé, dansant, c’est néanmoins seule au clavier qu’elle se retrouve pour « Skinny love » et « People help the people ». L’oisillon a grandi, certes, mais quand même, une setlist pour moitié composée de covers ? Ok d’accord, à Werchter, ça passe…

D’un chapiteau à l’autre, il n’y a que quelques pas, mais c’est tout un monde qui sépare Birdy de Foals. Yannis Philippakis, en marcel noir comme tous ses petits camarades, démarre avec le quasi instrumental « Prelude », enchaîne avec « My number » et puis déroule sur un dancefloor où la température grimpe tout doucement. La setlist qui nous a été gracieusement fournie renseigne d’ailleurs les bpm de chaque titre. « Olympic airways » tourne ainsi à 140, « Providence » qui suit à 138 et « Sahara » à 128… Quant à la respiration, elle s’intitule… « Inhaler » (100) ! On a connu le groupe sur des main stages, version « stade » et bien plus pompeux : dans cette configuration disons modeste, sous chapiteau, il donne l’impression d’être plus à sa place.

Frontstge - Werchter - Foals

Il est 23h45, retour au KlubC pour la dernière fois de ces quatre jours, et puis surtout pour Interpol ! Interpol, autrement plus intéressant que ces dizaines de revivalistes pilleurs de post punk et de new wave british, mais qui avait plus ou moins disparu des écrans radar depuis un petit moment. Le plaisir est alors d’autant plus grand de retrouver Paul Banks et les autres le temps d’un concert chargé de tension. Ni creux, ni faiblesse, les anciens titres (la moitié de Turn on the bright lights y passe) claquent comme les nouveaux (« All the rage back home »), et le final (« Slow hands ») est tout simplement incendiaire. Prochain rendez-vous en septembre, quand sortira l’album…

Didier Stiers
(Photos : Mathieu Golinvaux)

Setlist Royal Blood : Hole – Come on over – Cruel – Figure it out – Little monster – Better strangers – Blood hands – Loose change – Out of the black.

Setlist Birdy : Shelter (The xx) – Strange birds – Young blood (The Naked & Famous) – Home – Learn me right (Mumford & Sons) – 1901 (Phoenix) – Older – All about you – Words as weapons – Skinny love (Bon Iver) – People help the people (Cherry Ghost) – Standing in the way of the light.

Setlist Foals : Prelude – My number – Olympic airways – Providence – Spanish Sahara – Red sox pugie – Late night – Inhaler – Hummer – Two steps.

Setlist Interpol : Say hello to the angels – Evil – C’mere – Desire – Hands away – Not even jail – NYC – Obstacle 1 – Anywhere – Narc – Take you on a cruise – All the rage back home – PDA – Slow hands.

Didier Stiers

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