Yes we Khan !

Dour, édition 26, c’est fini ! Enfin, la 26e édition… Les campeurs ont campé, les festivalseurs valsé, les chroniqueurs… heu… enfin voilà quoi. Le plein de musique, c’est fait, assuré en fin de parcours par un Montréalais en folie. Et dire qu’en 2015, tout ça va durer un jour de plus…

A Dour, sous les chapiteaux, une fois franchi le cap des deux heures du matin, l’atmosphère change. Même ceux qui ne sont pas venus ici pour se gaver de beats apparaissent comme en manque. Ils rejoignent alors la Cannibal Stage où frappe la techno tribale, sombre et agressive de Clark. Un habitué (5 éditions déjà), le producteur de chez Warp, qui illustre son set pour le moins costaud avec des visuels d’oscilloscope. Assez irrésistible, plus en tout cas que le projet techno féministe de Paula Temple, macho voire martial jusqu’au cliché. Que les comateux qui ont loupé Clark se rassurent : il sera ce mercredi 23 juillet aux 10 Days.

Mon gobelet de bière se vide de moitié dans une bousculade. Le type à côté de moi vient me glisser à l’oreille : « Tu ne bois pas assez vite ! » CQFD ! Et puis c’est vrai qu’on ne vient pas à Dour pour déguster. Ou si… Enfin, je me comprends ! Parce que dimanche, le début de journée est, comment dire… nébuleux. Tu croises des gens qui doivent s’y reprendre à quatre fois pour attirer ton attention (pardon, Moaning Cities, et puis je suis myope, aussi). Ou alors, tu scrutes ton écran d’ordi en espérant que ton papier s’écrive tout seul… Dehors, sur la grande scène, il y aura les Casseurs Flowteurs, mais ça, tu te dis que ça ne risque pas d’aider.

Par contre… Une heure de King Khan & The Shrines, ingérée en complément d’un Nurofen Fast Cap 400, c’est souverain contre les migraines et autres désagréments consécutifs à la prise d’alcool sans modération aucune. L’homme ne soigne pas les maux de tête, il les tue ! Direk !

Ce dimanche en tout cas, c’est grâce à lui et à ses super Shrines que le festival vit ses dernières heures en mode totale fête. Dans le genre, les « Montréalais » sont particulièrement généreux. Et contagieux. Sa majesté – imaginez un maharadjah de carnaval à la voix rappelant un peu celle de Lenny Kravitz ou de Prince, et qui s’accompagne d’un groupe jouant un mélange de soul à la James Brown déjantée et de rock garage -, sa majesté donc se produit sous un chapiteau vite transformé en étuve. Caleçon cycliste mauve (avec une grappe de paillettes pour signaler l’emplacement de sa fortune familiale), chapeau à plumes et gestuelle à l’avenant : le bonhomme reste décidément un spectacle en soi. Qu’on peut revoir à chaque fois sans se lasser malgré une set list similaire (« Stone soup », « Pickin’ up the trash », « I wanna be a girl », « Shivers down my spine »…). A Dour, il s’est retrouvé sur scène avec femmes et enfants, couple dansant et quelques guests musiciens parmi lesquels Connan Mockasin, programmé au même endroit un peu plus tard (pop hippie, langoureux mais parfois un peu décousu). En résumé : dans le genre festif, c’est juste irrésistible, si pas l’un des meilleurs concerts de cette édition ! Et si pas, on doit en tout cas à King Khan l’une des meilleures quotes de l’édition 2014, en guise d’intro à « I wanna be a girl » : « Si vous avez un ami dont le pénis a été fabriqué à partir d’un vagin, emmenez-le dans un restaurant chinois et puis après, vous verrez bien ce que la nuit vous réserve. »

A Dour, la nuit n’aura finalement réservé que peu de regrets. Mais quand même… Le set écourté (très) de Jeff Mills, pour cause de lancer de gobelet de bière : à quand le scanner à con(s) à l’entrée des festivals ? L’absence de Tyler The Creator : à quand l’implant qui vous rappelle vos horaires d’avion ? Les planchers mous sous certains chapiteaux : ici et là, on se dit que certains étaient déjà mous avant la naissance du festival ! Ou encore, les chevauchements d’horaires vraiment méchants. Genre, samedi : Jagwar Ma en même temps que Badbadnotgood. Ou jeudi : Aral & Sauzé en même temps que Cheveu et Romano Nervoso (dont l’album Born to boogie sort à l’automne sur Mottow Soundz). Il y avait de quoi se les arracher, les cheveux ! Tiens, la bière, c’est bon pour les tifs, non ?

Didier Stiers
(Photo : Mathieu Golinvaux)

Didier Stiers

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