Au pied du Bonzai

Le look steampunk de la main stage pouvait déjà servir d’indice : à Tomorrowland, on n’échappe pas à la retromania non plus. Certaines scènes renvoient vingt ans en arrière. Et le festivalier de (re)découvrir l’un de ces gros labels belges qui ont (re)placé le pays sur la carte des dancefloors…

En même temps, comme c’est une édition anniversaire, un petit coup d’œil dans le rétro peut s’avérer très amusant. Faire remonter quelques souvenirs. Vendredi soir, en passant à proximité de chapiteau I Love the 90’s, des bouts de voix et de refrains traficotés à coups de beats émerge le « Self esteem » braillé en son temps par The Offspring.

Et hop, la machine à voyager dans le temps se met en route. Direction l’époque des méga discothèques qui faisaient l’attrait de la Belgique comme le font aujourd’hui les pandas de Pairi Daiza. Le Cherry Moon à Lokeren a droit à son hymne maison, « The house of house », qui sort sur Bonzai.

Ce samedi, Bonzai a droit à son petit focus. Si le label (anversois, à l’origine) existe toujours, c’est dans ces mêmes années 90 qu’il a connu son heure de gloire. « Franky Jones, The Fly, Yves Deruyter », me répond du tac-au-tac Edwin Korver, moitié du duo Ed & Kim, quand je lui demande quelle est la première chose à laquelle il pense quand on évoque ce nom. De fait, il est incarné par une poignée de dj’s et de producteurs, dont une dizaine sont aujourd’hui à l’œuvre derrière les platines. Yves Deruyter bien sûr, mais aussi Jones & Stephenson ou encore Airwave alias L-Vee qui s’était fait un nom en matière de trance progressive.

« Les « grands » de mon quartier écoutaient ces compilations quand j’avais dix ans, raconte Turtle (Crab Boogie, Crewstacé, Caballero, La Smala…). J’ai donc découvert ça avant le rap… » Bonzai, c’est aussi une certaine influence, que les Liégeois de Party Harders ne nieront pas. Un certain look, également… Colonel : « Je pense aux « jumpeurs » et aux vestes « bomber ». Aux sweat-shirts aussi, avec les manches imprimées… d’ailleurs copiés par les Bromance et les Yellow Claw ! »

« Je revois d’abord un logo sur des compiles, rappelle Benjamin Schoos. Un dessin de bonzaï, vert, un lettrage un peu japonisant, le tout dans un cercle. » Une image forte, résume Mr. Freaksville. « Ensuite, la musique allait préfigurer toute la vague numérique d’EDM qui poursuit son raz-de-marée mondial. Alors qu’à la base, j’ai l’impression que Bonzai, c’était surtout pour l’Europe. Le Benelux, l’Allemagne, l’Italie… »

Frontstage - Bonzai - Logo

« Je me souviens d’un titre d’Airwave que j’aimais bien… Bonzai, c’était les compiles que les ados qui sortaient, ou leurs grands frères, ramenaient à l’école pour frimer ! Moi, j’étais plus rock, noisy pop ! C’était aussi pour les mecs qui gobaient des acides, la plupart de ces mecs qui étaient à l’école et qui écoutaient et sortaient sont soit morts d’overdose, soit devenus héroïnomanes ! Des gens bizarres, avec leur veste Chevignon en doudoune… »

Samedi, 17h30. Sur un ponton déguisé en bateau, Franky Kloek en est à mi-parcours de son set. L’ancien résident du Cherrymoon, qui fut aussi de l’aventure Cherrymoon Trax, mixe tranquillement devant un public peut-être un rien plus âgé… à moins que ce soit juste une impression. Le beat est moins agressif, la tonalité un chouia plus planante. Vous avez dit rétro ?

Didier Stiers

Didier Stiers

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