Résurrection, rock, émotion

Ne disposant pas du don d’ubiquité (mais on y travaille), il a fallu opérer des choix drastiques, dimanche au BSF. La soirée s’est donc essentiellement déroulée au Mont des Arts. Le Mont des Arts, ses grandes bières, son service d’ordre de compétition et ses rockeurs qui ont gardé une âme d’enfant…

De retour après avoir quelque peu disparu de nos écrans radar, les bluesmen de  Fred & The Healers n’ont pas changé de cap et défendent toujours le genre avec la même sincérité. Dans la foulée d’un nouvel album (Hammerbeatmatic, sorti fin mars), leur agenda s’est plutôt pas mal rempli : Roots & Roses, Francos, et puis là un Brussels Summer Festival où, en ouverture de cette soirée rock, ils sont chargés de chauffer un public encore épars. Ce dont le trio (classique : guitare, basse, batterie) s’acquitte à l’aise, non sans un certain mordant, cela dit. Et oui, pour quelques-uns, ça a dû changer des solos kilométriques de M…

Un guitariste au chant et un batteur : voilà une formule déjà bien balisée par les White Stripes, les Black Keys, les Bots et autres Royal Blood vus pas plus tard que le mois dernier à Werchter. Normal donc de froncer quelque peu le sourcil gauche en voyant débarquer The Dukes, un duo, donc, composé de Greg Jacks et de François Maigret alias Shanka. Le premier officie également au sein de Superbus, le second a rejoint les rangs de No One Is Innocent. Le sourcil susmentionné gravit quelques centimètres encore quand ces deux jeunes gens se manifestent : la batterie est énorme, la guitare vicelarde à souhait, quelques riffs restent tout de suite bien dans l’oreille et les références qu’on devine (punk, entre autres) sont plus qu’honnêtes. Ça sent les années 90 mais aussi le punk, et une foule de petits effets font en sorte qu’on échappe au plan guitar hero très connu à Los Angeles.

Frontstage - The Dukes

Le guitariste, justement… Sachez qu’il joue aussi avec Giacomo Panarisi dans The Holmes. Et du coup, ce n’est presque pas une surprise de voir le signor Romano Nervoso rejoindre les deux Français et se fendre avec eux d’une cover bien sentie. En l’occurrence : « To hell with good intentions » des défunts McLusky. Ça dit notamment : « My band is better than your band »… Ce qui reste à vérifier. Par contre, ce qui est déjà sûr, c’est que The Dukes est une assurance de bonne petite soirée rock. Ce que Shanka traduit ainsi, en dédicaçant une reprise de « Fuck you » (Archive) : « A tous les enculés qui veulent la mort du rock’n’roll ! »

BSF

Il y a un an de cela ou presque, le 14 août 2013, Channel Zero saluait au Brussels Summer Festival la mémoire de son immense batteur, décédé quatre jours plus tôt. Le retour sur une scène du BSF de Franky DSVD et des siens (au lendemain d’une participation à cet Alcatraz que le groupe avait donc dû annuler à l’époque) promettait d’être un peu particulier. Et de fait. Les remerciements pour le soutien apporté par les fans et un mot à la famille présente ce soir (« C’est très courageux ») précèdent un final entièrement dédié à Phil B. Soit une minute de silence, puis l’acoustique « Angel », alors qu’apparaît sur l’écran en fond de scène la photo du batteur, bras croisés, tous tatouages dehors.

Frontstage - Channel - 2

Tout cela ne manque en tout cas ni de spontanéité ni de dignité. Et l’on imagine mal Channel Zero poursuivre autrement sa route. « The show must go on » ? Gros cliché certes, mais voilà encore un groupe qui sait donner. Les classiques « Suck my energy »,  « Fool’s parade » et « Black fuel », le plus récent « Hot summer » et le tout nouveau « Duisternis »… trilingue s’il-vous-plaît ! Même si ses comparses ne sont pas en reste (Mikey Doling se nourrit aussi de ressorts, semble-t-il), et nonobstant  un son qu’on aurait aimé un peu plus puissant, c’est Franky qui assure le show : derrière son micro baroque (un peu trop, non ?), quand il raconte ses années bruxelloises (« On roulait comme des fous dans les tunnels ») ou quand il s’en va chanter au pied de la statue équestre de Bébert 1er, suscitant l’inquiétude du service d’ordre.

Tiens oui, le service d’ordre ! Qui vérifie ton bracelet au bout du couloir d’accès au site alors que tu viens déjà de montrer patte blanche à l’entrée… trois mètres plus haut entre deux barrières Nadar. Et qui te recontrôle tout à coup quand tu sors des sanitaires, sanitaires que tu as déjà utilisés deux fois auparavant (ça, c’est la bière, que voulez-vous) et qui sont en principe accessibles uniquement par le site lui-même. Du zèle au zen, il n’y a parfois qu’un petit ruban de papier plastifié.

Didier Stiers
(Photos Channel Zero et The Dukes : Pierre-Yves Thienpont)

 

Didier Stiers

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7 Comments

  1. Pingback: The Dukes @ Brussel Summer festival : live report, pics & more! | The Dukes Music

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