Quand IAM fait la leçon

Ce n’est pas qu’Akhenaton & co s’étaient fait rares en Belgique ces derniers temps. BSF en 2009, Fêtes de Wallonie en 2011, Dour en 2013, Ardentes en 2014 : à chaque année son détour par la planète Mars ! Hier au Brussels Summer Festival, le vol fut cela dit assez magistral !

Choisir le premier morceau d’un concert : tout le contraire d’une sinécure ! Parce que c’est celui qui doit capter l’attention du spectateur et faire en sorte qu’il ne décroche plus. Celui qui dit en même temps beaucoup sur le groupe à l’œuvre. Et en festival, ça compte double ! Ben oui, une bonne partie du public n’est pas forcément déjà fan.

A 22h30, quand la voix off annonce « les guerriers du son » et « les fiers combattants », l’effet est quasiment le même que d’entendre « La marche impériale » jouée à fond les cuivres et les violons. Mais Star Wars, c’était à Dour en 2009. Là, nous sommes à BX en 2014, et c’est avec le tout aussi efficace « Debout les braves » que les Marseillais entrent en scène. Une profession de foi, ce titre. Un petit rappel à l’attention des gamins. Un peu d’histoire. Des références aux arts martiaux comme au cinéma… « Vétéran, j’ai des batailles plein le regard », y dit Akhenaton. Le beat puissant, implacable, qui pourrait desceller les pavés de la place, est marqué par un flash de lumière blanche. C’est juste parfait !

Il y a de l’évidence et une étonnante sérénité dans leur setlist qui dégage en même temps une belle énergie. IAM a vu le jour en 89, mais c’est comme si les années, ce soir en tout cas, n’avaient pas eu de prise sur les rappeurs. Intégrité intacte. Maturité, forcément.  « CQFD » arrive comme la réponse à ceux qui trouvent le rap violent. « Nés sous la même étoile ». « Spartiate spirit ». Avec « Sombres manœuvres », l’un des grands moments de l’album Arts martiens, on retourne au cinéma, dans une scène de film, mais aussi dans le quotidien des « quartiers ». Cinéma encore avec « L’Empire du côté obscur » et les sabres laser en plastique. Du medley ressort « La garde meurt mais ne se rend pas » de Shurik’N.

Sous la lune quasi pleine, ces 90 minutes s’achèvent entre fête et conscience. Et par un « big up » à Rival, Arabi et tous les autres qui les ont accueillis depuis leur premier passage à Bruxelles. Fête, donc… « Je danse le Mia » clôture un medley/sketche disco funk et embarque une bonne partie de la place des Palais. Vingt ans déjà, dites donc, pour « Je danse le Mia » ! Quant à « Petit frère », la version quelque peu reboostée à laquelle on a droit ce soir ne sacrifie cependant rien du texte.

Les projections et éclairages déjà appréciés aux Ardentes font toujours leur effet. Après, oui, tout ça aurait pu être encore mieux avec quelques relances en moins. Les « faites du bruit », « ça va Bruxelles » et autres « y’ du monde ou quoi », vous voyez ? En même temps, ce n’est jamais long. Et de la part de quadras/quinquas qui ont l’air d’être redevenus des gamins le temps d’une scène, c’est plus sympa qu’autre chose. Du coup… on quitte les lieux en se disant qu’on y a passé un bon moment. Et de frétiller à l’idée que le 3 novembre, il y aura dans les bacs le nouvel album solo d’Akhenaton, fier guerrier peut-être, mais assurément fine plume !

Didier Stiers
(Photo : Mahé Delagaume)

 

Didier Stiers

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