Vingt heures et des poussières. Tuxedomoon n’a pas encore commencé à jouer qu’on croise déjà des accros de Front 242. Pantalons camouflés trois tons, rangers, t-shirts agrémentés de la silhouette d’un hélico russe… Pour un peu, on s’attendrait à ce qu’ils lâchent un cinglant « hey poor, you don’t have to be poor anymore », mais non : le fan de Front peut aussi faire dans la retenue.
Trêve d’ironie cela dit, d’autant qu’il n’y a pas matière à. Vraiment pas ! Jean-Luc De Meyer et les autres drainent certes toujours un public de fidèles jusque dans le moindre détail, mais il y a du monde, ce mardi soir au Mont des Arts. Moyenne d’âge en hausse, forcément. Je croise un camarade qui apprécie le groupe depuis des lunes mais n’a jamais eu l’occasion de le voir en live. Je me dis qu’il ne doit pas être le seul dans le cas. Que c’est peut-être un peu dommage de découvrir Front sur scène alors qu’il ne chamboule plus vraiment la musique électronique comme il le fit dans la deuxième moitié des années 80. Et puis… que zut, qu’un « U-men » ou un « Funkhadafi » qui vient s’écraser sur les tympans, c’est toujours plus jouissif qu’une scie d’EDM érigée en hymne par un mixeur de clés usb.
En même temps… Est-ce vraiment utile d’y revenir encore, sur ce souci de son ? La pêche se perd au fur et à mesure du recul vers le fond de l’espace. C’était déjà assez flagrant pendant le concert de Channel Zero dimanche, et là, c’est quand même un peu con d’écouter de l’electronic body music qui, une fois sur deux, passe sur l’épiderme comme Marie-Pierre Casey sur une table de salle à manger.
Alors Front 242 compense. « Moldavia » en début de set. Energie. Bonne humeur (si !). Projections toujours soignées (mais ça, ça fait partie de la marque de fabrique). Émotion, même : « 7rain » est dédicacé à Phil Baheux (« Celui-là est pour toi, de là-haut, tu nous entendras »), « Take one » à Annick Honoré. « Im rhythmus bleiben ». « Headhunter » donne dans l’aigu ? Tant pis, il y a justement « Funkhadafi » tout de suite après. Et en rappel, « Punish your machine », franchement, dans la froideur de cette nuit d’août, libère quelques basses salutaires ! C’est déjà ça, mais qu’est-ce que ça aurait été dans un environnement plus approprié !
Didier Stiers
Setlist : Moldavia – Body to body – No shuffle – 7rain – Together – Take one – Don’t crash – Triple x girlfriend – Quite unusual – U-men –Commando mix – Im rhythmus bleiben – Headhunter – Funkhadafi – Welcome to paradise Rappel : Punish your machine
delgobel
13 août 2014 à 23 h 03 min
Front 242, ou le retour des bodywarmers | frontstage/ http://t.co/JrYpE4IL6m
DELMELLEJM
14 août 2014 à 12 h 14 min
Front 242, ou le retour des bodywarmers | frontstage/ http://t.co/DxtTab6BPF