Goat, le secret des dieux

Les mystérieux suédois de Goat ont terminé de la plus belle façon une journée psychédélique dimanche à l’AB. Un concert à (re)vivre en intégralité vidéo.

Culte: hommage, honneur rendu à Dieu, à des êtres divins ou jugés tels ou à certaines créatures particulièrement proches de Dieu.
Culte: qualifie quelqu’un ou quelque chose qui suscite l’enthousiasme d’un public, généralement restreint.

Voilà, dimanche à l’AB, c’était une soirée culte. On pourrait même dire légendaire, tiens. Historique? Qu’est-ce que vous voulez qu’j’vous dise? Fallait en être!

Goat, groupe/collectif suédois et masqué. Un mystère. Pas d’interview (ou alors par mail). Pas de bio vérifiable. Mais une légende… Celle d’un guérisseur venu il y a plusieurs siècles dans le village nordique de Korpilombolo apportant avec lui le vaudou. Quand les croisés chrétiens ont débarqué, ses habitants ont lancé une malédiction sur l’endroit tandis qu’ils se mettaient à jouer de la musique. Une tradition qui perdure depuis des siècles. Goat, selon ses membres, étant moins un groupe qu’une tradition musicale. Tribale, donc. Mystique, vaudou, psychédélique, un appel aux dieux anciens. Quelque part entre les chants païens, Jimi Hendrix, Can, Amon Düül II, Led Zep et Fela Kuti. Deux albums (World Music, 2012 et Commune qui vient de sortir). Quant aux concerts… Un rituel.

Deux prêtresses, bacchantes inépuisables et des hommes masqués (spécial dédicace au bassiste en burqa…). Le reste est difficile à raconter. Comme toujours quand l’intensité ne redescend pas, mais ne fait que monter, monter, toujours plus haut, toujours plus loin…

Ça fait dix minutes, peut-être un quart d’heure que les percus mènent l’affaire sur un rythme soutenu… On n’entend plus que lui, ce rythme qui martèle, qui martèle, qui martèle… En fait, on ne l’entend même plus… Il est devenu le sol sous nos pieds alors qu’on entre en lévitation… Un point lumineux s’inscrit au milieu de notre champ de vision… La lumière se fait plus étincelante, comme si elle nous appelait à la suivre… Là, au centre d’une pièce sombre, un vieillard est assis, tout en noir, la tête baissée. Il ressemble à Jodorowsky, ne dit mot, mais semble tout savoir de nous… Il lève alors les yeux et…

BOUM! Un gros riff hendrixien explose l’espace-temps! De retour sur terre, de retour dans la fosse, dans cette Ancienne Belgique si souvent trop sage qui aujourd’hui sent le foutre et la sueur moite… Une bacchante vient de monter sur scène depuis la fosse, elle danse en soutard, se perd, puis tente un plongeon et se vautre sur le sol comme un vieux faon qu’on abat.

La Chèvre, elle, continue. Chaque titre reprend le Mystère, crescendo d’électricité envoyé aux dieux. Afrobeat, krautrock, psyché 60’s et hard, tout y est… Les prêtresses tapent du bâton sacré, dansent en cercle, viennent aguicher les premiers rangs, le groupe maintient la tension, fait monter la sauce… Et toujours ces percus africaines ancrées dans nos têtes. Ça se termine sur un énorme titre hendrixien, moite et puissant, dernier appel au sacré, à ces dieux païens sexués, charnels, électriques… Phallus Dei, titre d’un album d’Amon Düül II, la bite des dieux. Voilà. Pas mieux. La bite des dieux.

Culte.

DIDIER ZACHARIE

Journaliste lesoir.be

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