Le Cirque de Tony, la Place de Gaga

Un concert, c’est du sérieux. Faire attendre la presse une demi-heure en conférence de presse n’a plus lieu d’être quand, à 20h30 tapantes, lundi au Cirque royal, les lumières s’éteignent (dans une salle pas complètement remplie!) pour révéler sur scène le quartette de Tony Bennett.

Dix minutes durant, les quatre musiciens font montre de toute leur dextérité. Un swing de velours est au rendez-vous. Est annoncée ensuite la voix de Frank Sinatra introduisant Mr. Tony Bennett: “The greatest singer in the world”. Le chanteur de 88 ans fait son entrée d’un petit pas agile. Et c’est parti pour une heure de douceur, de charme et d’humour aussi. Car Tony est un vrai comédien se situant à l’opposé d’un Sinatra. Pas de posture triomphaliste, de mise en scène hollywoodienne ni d’exubérance extravertie. Tout est en nuances rentrées chez Tony. Il joue (surjoue même parfois) la passion amoureuse, l’admiration pour l’être féminin fantasmé. Ces chansons qu’on connaît sur le bout des doigts, il en donne une version toute personnelle, interprétant à merveille le rôle de l’amoureux transi devant tant de beauté féminine. Tony est malgré tout un remède contre la déprime.

Quel n’est pas sa fierté quand il nous parle de cette lettre reçue un jour de Suisse d’un compositeur qui le remercie pour avoir rendu célèbre dans le monde entier sa chanson, “Smile”. Signée Charlie Chaplin.

Ses musiciens sont des orfèvres. Gray Sergent à la guitare, Mike Renzi au piano, Marshall Wood à la contrebasse et Harold Jones (qui a joué avec Count Basie!) à la batterie: tous sont d’une grande finesse. On les retrouvera un peu plus tard Grand-Place avec un trompettiste et un saxophoniste en renfort.

Après une heure de présence scénique et dix minutes de rappel, il est temps pour Tony de rejoindre sa princesse dans le bas de la ville. 5000 personnes attendent ce duo qui n’a pas eu lieu au Cirque – alors qu’au Festival de Jazz de Montréal la diva l’avait rejoint pour quatre titres – et après une brève mise en garde trilingue du bourgmestre Yvan Mayeur sommé de demander aux spectateurs de ne pas applaudir durant les morceaux – tournage oblige – le show peut commencer. Une demi-heure durant, ensemble et séparément, chacun tient son rôle. Tony bisse ce qu’on vient d’entendre au Cirque et la Lady prouve qu’elle peut être une chanteuse de jazz crédible. Pas d’excentricité mais une petite performance charmante. Avant la fin du bref spectacle, beaucoup quitteront la Grand-Place, sans doute mal informés du propos jazz de la soirée. Lady pop ? C’est à Anvers qu’il faut aller ce mardi. Ici, c’était “The Lady & the Gramp” et il s’agissait seulement de promouvoir l’album de duos sorti ce lundi.

THIERRY COLJON
(Photo Dominique Duchesnes)


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