Jack White en pilotage automatique

Dimanche soir, dans l’arène de Forest-National transformée en chaudron, le chanteur et multi-instrumentiste américain a privilégié le répertoire des White Stripes lors d’un concert généreux mais inégal. 8.000 personnes ont répondu présent à l’appel du malicieux Jack White, véritable schizophrène qui multiplie groupes (The Raconteurs, The Dead Weather,…) et projets (son label Third Man Records) à la vitesse de ses riffs incendiaires et telluriques.

Il est 21h05, lorsque «Jackie Boy» déboule sur scène. Un batteur (prodigieux), un bassiste, deux demoiselles essentiellement au violon et un claviériste. Le début est assez calamiteux. Difficile de reconnaître «High Ball Stepper», éclaireur de son très moyen deuxième album solo Lazaretto. La version est instrumentale, White a des problèmes de guitare qu’un de ses roadies (costard, barbe, comme un comédien échappé de Witness) tente de résoudre. L’Américain a l’air bien remonté et malgré «Dead Leaves and The Dirty Ground», première des neufs chansons des White Stripes jouées hier, la sauce ne prendra que lors de «Hotel Yorba», classique du duo qu’il formait avec sa «soeur» Meg.

Petite parenthèse. Vendredi soir, à Anvers, Thurston Moore, qui n’est quand même pas le dernier des guitaristes, rencontrait lui-aussi des problèmes techniques sur la scène de l’Arenberg. Il a même suggéré de faire une «intermission» afin de régler tout cela et s’est vu obtenir un cinglant «No!» d’un membre du public. Il y a sans doute de bonnes (ou mauvaises) raisons mais voir à deux jours d’intervalle, deux des meilleurs musiciens américains s’empêtrer avec des problèmes de son pose question. Fin de parenthèse.

Autant appeler un chat un chat, la première heure, sauvée par «I asked for water (she gave me gasoline)» emprunté à Howlin’ Wof et «We’re going to be friends» des White Stripes, nous laisse indifférent. Jack White enfile les morceaux sans temps mort, certes, son groupe assure mais l’option «violons» sur certaines chansons n’est peut-être pas la plus heureuse. Peut-être aurait-il fallu troquer un archet contre une seconde guitare?

En fin de compte, ce sont les rappels qui nous réconcilient avec le presque quadragénaire. Et de un avec «Icky Thump»! Et de deux avec «Steady, as she goes» (une de ses chansons les plus imparables) avant deux extraits solos et un «Seven nation army», qui est aux années 2000 ce que «Smell like teen spirit» de Nirvana fut aux années 90: l’hymne d’une génération. Le tout, dans une ambiance à l’avenant!

Philippe Manche


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5 Comments

  1. Gilles

    18 novembre 2014 à 9 h 59 min

    J’étais au concert dimanche soir, un beau gâchis. Le son formait une infâme soupe assourdissante si bien qu’il était difficile de retrouver quel morceau était joué.
    Très franchement, je ne comprend pas pourquoi des artistes se produisent encore dans ce lieu, je n’ai jamais connu un seul concert à Forest National qui soit réussi, ceci dû à l’acoustique déplorable de cette salle.

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