Mademoiselle K… comme capable de tout

Katerine Gierak revient avec un quatrième album en anglais. La chanteuse, qui n’a pas froid aux yeux, n’en fait qu’à sa tête et c’est très bien comme ça

M a maison de disques m’a dit : «Fais ton album en français, sinon on te vire.» J’ai fait mon album en anglais.  » Cette phrase résume tellement bien le caractère et la démarche intransigeante de Mademoiselle K qu’elle l’a mise sur le sticker de son nouvel album… en anglais : Hungry Dirty Baby.

En trois albums de rock en français (Ça me vexe en 2006, Jamais la paix en 2008 et Jouer dehors en 2011), Katerine a imposé son style, son franc-parler, son look androgyne sans concessions. Le rachat partagé d’EMI par Universal et Warner la met face à de nouveaux interlocuteurs pour faire écouter les premiers titres d’un nouvel album. «  Le patron, sans même les écouter, a dit qu’en anglais, ça ne l’intéressait pas. J’ai tout de suite demandé qu’il me mette ça sur papier pour ne pas être bloquée. Pour moi, il s’agit d’une faute professionnelle. »

Surtout au moment où des Shaka Ponk, The Do ou Skip The Use prouvent qu’il est dorénavant possible d’être français et d’avoir du succès en anglais. Mademoiselle K, en plus, n’a pas pris sa décision de s’exprimer en anglais à la légère. C’était mûrement réfléchi : «  Je savais que je prenais un risque. Mais mon instinct me poussait, j’avais besoin de changement après trois albums en français qui représentaient un cycle. Le français ne m’a pas empêchée de chanter en Chine ou en Inde. Je suis française et fais partie de cette famille musicale mais j’aime l’anglais depuis que je suis toute petite. Je n’ai jamais fait de voyage linguistique et j’ai vraiment ressenti l’envie de raconter des histoires en anglais. »

Cours d’anglais

Katerine, du coup, ne fait pas les choses à moitié. Elle part trois mois à New York pour suivre des cours («  mais aussi acheter une basse et quelques fringues !  ») prolongés à Paris et ensuite encore trois mois à Londres. La chanteuse tient à avoir un accent irréprochable : «  J’ai fait des exercices phonétiques. En anglais, il y a dix voyelles en plus qu’en français. C’est vraiment une autre façon d’écrire et de chanter. Ce processus d’apprentissage m’a vraiment fascinée. »

Mademoiselle K est une bosseuse. La musique, chez elle, c’est du sérieux. À 6 ans, elle apprend la flûte à bec avant dix ans de guitare classique et six ans de cours de musicologie à la Sorbonne. Et chanter en anglais n’est pas une façon pour elle de se cacher. Même en français, elle n’a jamais eu peur des mots crus : «  Mon franc-parler a toujours été là. Depuis toute petite, j’adore les gros mots qu’utilisait mon oncle artiste peintre qui m’a beaucoup influencée. Les gros mots font partie de la vie. Mes influences, c’est comme un tableau de Lucian Freud ou de Francis Bacon. Ils m’ont toujours fascinée avec quelque chose de malsain. Dans le film La vie d’Adèle, plutôt que les scènes de cul qui d’habitude me touchent, j’ai préféré celle avec la morve qui coule. J’ai déjà vécu ce genre de pleurade irrésistible. C’est un peu le sujet du titre « Hungry Dirty Baby (fuck you) » où je dis  : je veux te baiser. J’étais obsédée par une rupture sentimentale, c’est pour ça que je voulais pour la pochette une croix, celle du deuil que je portais.  »

En plus, Mademoiselle K tient à peindre son corps et apparaître, parfois, torse nu sur scène : «  C’est un symbole féministe que j’assume. J’ai été choquée par les manifs contre le mariage pour tous. Ce n’est pas pour rien qu’il y a les Femen ou le discours de Patricia Arquette pour l’égalité des salaires. C’est un combat. J’aime beaucoup aussi Christine & the Queens. J’ai envie de casser les règles du genre. Être torse nu sur scène, je ne veux pas que cela devienne systématique. Ça doit rester une liberté. Je ne suis pas exhibitionniste mais c’est arrivé comme ça, lors d’un concert particulier le jour de la Saint-Valentin. Tout peut dorénavant arriver, ce sera une loterie… »

 

Mademoiselle K sera au Botanique le 26 mars. Infos : www.botanique.be.
3 x 2 places à gagner sur swar.be/lequizdumad


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