La semaine dernière, Romano Nervoso présentait le clip de « Psicotico blues » au Festival du Film Fantastique de Bruxelles. Une petite récréation pour le Signor Giac’, avant de replonger dans un agenda chargé qui mentionne notamment le Roots & Roses du 1er mai. Attention les yeux : sulfureuse, la récréation !
Ma pratique de l’italien se limitant au déchiffrage du menu au restaurant, que dit le texte de « Psicotico blues » ?
Exactement ce qu’on voit dans le clip : je rencontre une femme, je la ramène chez moi… Squartatore en italien, c’est l’Eventreur, comme dans Jack l’Eventreur ; je l’éventre et puis je la viole. Mais comme nous n’avions pas assez de moyens pour faire le coup de l’éventrage, je l’ai étranglée et je l’ai violée après. Ça parle de nécrophilie. Et en même temps, je voulais ce final un peu à la American psycho dont je suis un grand fan. Globalement, ça suit donc les paroles, et c’est un hommage à American psycho autant qu’à Nekromantik.
Après ta version d’« Aline » que certains ont prise pour un gag, tu passes ici à quelque chose de très… rentre-dedans : tu ne choisis pas la facilité !
« Aline » m’a valu de nouveaux fans, de la ménagère à l’ouvrier en passant par le rockeur, et là, je viens de les perdre avec « Psicotico blues » (rires). Mais bon, dans mon parcours de musicien, j’ai toujours voulu faire un clip d’horreur. Et vu que le texte de « Psicotico » s’y prêtait, j’ai pensé que c’était le moment. Avec « Aline », j’avais fait un chouette petit buzz en mettant d’accord les gens de 7 à 77 ans. Ici, à l’inverse, je savais que commercialement, j’allais me tirer une balle dans le pied. En même temps, je suis un artiste qui fait ce qu’il a envie de faire, sans compromis. Je fais les albums que j’ai envie d’écouter et les clips que j’ai envie de regarder, je me fais avant tout plaisir, et tant pis pour ceux qui n’aiment pas. Mais j’ai eu des menaces de mort…
A ce point ?
Oui, oui ! Je me suis bien fait traiter de nécrophile, j’ai eu des pro-féministes… C’est assez marrant ! C’est le buzz complètement opposé à celui de « Maria » ! Je me répète : je fais ce que j’aime avant tout.
Tu pensais déjà à un clip en écrivant ce morceau ?
Non, mais en faisant écouter l’album à gauche et à droite, tout le monde revenait sur « Psicotico blues ». Les gens trouvaient que c’était un bon single, mais sans trop savoir ce que ça disait. Hormis les Italiens et ma mère ! Ma mère qui n’a d’ailleurs pas vu le clip, et je ne veux pas lui montrer (rires). Mais je me disais que s’il fallait faire un clip là-dessus, vu les paroles assez provocantes, autant aller au bout. Me connaissant, connaissant mon intérêt pour les films d’horreur, ça coulait de source.
Il a ensuite fallu convaincre ta partenaire…
C’est Muriel Bersy, avec qui j’ai joué dans Les Vedettes. Son métier, c’est actrice, elle tourne pour l’instant dans pas mal de films, et comme c’est une amie, je lui ai proposé. Elle m’a répondu qu’elle n’avait jamais fait de scène de nu, ni même embrassé devant une caméra. Et moi, je voulais faire un pied de nez à tous ces clips dans lesquels on ne voit que des mannequins. Je voulais une femme plus rondelette, plus « italienne »… Muriel a été assez facile à convaincre : elle me respecte, elle aime ma musique, et elle a trouvé le scénario intéressant, même pour son métier. Mais c’était ses premières « scènes de cul ». En fait, c’est plus dur à faire avec quelqu’un que tu connais. Et là justement, on est très proche, amicalement bien sûr : ce n’était pas évident, mais je pense que le résultat est là. C’était une chouette expérience, surtout quand tu as vingt mecs autour de toi qui te matent… Même moi, malgré ma grande gueule, je suis quand même assez timide, donc baisser mon futal, me mettre à poil devant des gens que je connais, ce n’est pas trop mon trip, mais j’ai dû le faire. Bon, dans la vidéo, mon slip n’est pas tout à fait baissé, on ne voit qu’une partie de mon cul parce que j’étais un peu timide pour me mettre à poil, mais voilà, j’ai fait du mieux que j’ai pu et elle aussi.
Tu n’as pas pensé à te faire remplacer par un mannequin de dos ?
Non, non… Je crois qu’il faut aller à la frontière de Tchernobyl pour trouver un mec qui a le même dos que moi. J’ai une scoliose, j’ai des petits tibias, enfin je ne sais pas ce qu’ont fait mes parents ce jour-là, mais c’est n’importe quoi !
A part sur le Net, où pourra-t-on voir ce clip ? Pas en télé, quand même ?
J’ai envoyé le clip à l’étranger, les premiers refus catégoriques sont venus des États-Unis et d’Angleterre, parce qu’ils sont très puritains. Déjà, tous les films que je regarde, comme A serbian film ou Cannibal holocaust sont impensables là-bas ! En fait, je rêve que Mike Patton tombe dessus ! Je chante en italien, c’est un peu son style, un peu glauque… Maintenant, je vais essayer de le diffuser dans un max de pays, quitte à l’envoyer à des magazines spécialisés. En même temps, ça ne fait jamais qu’un mois qu’il est sorti. Et mon but était là : me faire plaisir avant tout, et montrer que je suis un artiste à part entière, pas un gars qui se calque sur ce qui se fait aujourd’hui. Mais j’espère que Mike Patton tombera dessus un de ces quatre !
Tout va bien, depuis la sortie de l’album ?
Pas mal ! D’après les échos de la maison de disques, les ventes sont meilleures que ce qu’ils attendaient. Et nous avons des dates tout le temps jusque fin septembre. Nous sommes même aux Francofolies de Spa, ce qui est quelque chose de surnaturel chez nous ! Mais globalement, c’est toujours pareil : on doit tout le temps lutter pour trouver des bons spots parce qu’on fait du rock et ce n’est pas la mode en Belgique. Pour l’instant, la mode, c’est plutôt des barbus en t-shirts de hipsters qui font du pseudo garage avec des guitares hautes. De la musique avec des percussions limite africaines. C’est Vampire Weekend dix ans trop tard. Et c’est le garage en Angleterre dix ans trop tard. C’est toujours dix ans trop tard par rapport à la mode, mais c’est la vague actuelle. Donc moi qui suis rock depuis que j’ai commencé, je lutte tout le temps. Born to boogie est un album un peu plus personnel et ouvert, donc c’est toujours plus facile pour trouver des dates. Mais je n’ai pas la même facilité qu’un Great Mountain Fire, un Vismets ou des groupes qui font de la musique belge. Ça se passe plutôt pas mal, mais il faut lutter tout le temps. Et je pense qu’à un moment donné, j’en aurai un peu marre !
Passer du Roots & Roses aux Francos, quel grand écart ! Tu t’adaptes ?
Le Roots & Roses est le premier festival qui nous a bookés, il y a quasi un an, parce qu’ils savaient qu’on sortait un disque. Les gens qui organisent ça sont adorables, ce sont des pro-rockeurs, qui sont là pour pousser tous les groupes qui ne sont pas poussés en radio ou par la Communauté française. Total respect pour eux ! Maintenant, c’est vrai que les Francofolies de Spa, c’est autre chose. Si à un moment donné, je m’adapte, ça veut dire que je fais des compromis, or je suis anti compromis. Donc non, je ne m’adapte pas ! Parce que je vais donner aux gens ce que je fais de mieux : la violence, l’urgence et le punk rock. Peut-être qu’aux Francofolies, je ne dirai pas de sales mots et je ne cracherai pas sur les gens. C’est le seul compromis que je pourrais faire. Mais l’adaptation : non ! Sinon, je ne serais pas au Bifff ! Je serais aux Pias Nites !
Didier Stiers
Roots & Roses, le 1er mai à Lessines. Avec : The Glücks, Boogie Beasts, Louis Barrabas & The Bedlam Six, The Hackensaw Boys, Daddy Long Legs, Hell’s Kitchen, Romano Nervoso, The Excitements, Mudhoney, Wovenhand. Infos : www.rootsandroses.be
RomanoNervoso
24 avril 2015 à 17 h 51 min
Thank you Didier Stiers … Romano at the BIFFF http://t.co/pI8pDTDUAW
Boogietown
25 avril 2015 à 8 h 35 min
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DELMELLEJM
26 avril 2015 à 20 h 37 min
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RomanoNervoso
27 avril 2015 à 22 h 13 min
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RomanoNervoso
27 avril 2015 à 22 h 15 min
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RootsRoses
28 avril 2015 à 14 h 53 min
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