Le Printemps de Nina Simone

La jeune génération s’est retrouvée autour du répertoire de Nina Simone décédée il y a douze ans. Une création hors du temps.

BOURGES
DE NOTRE ENVOYE SPECIAL

Les concerts hommages sont surtout une spécialité québécoise. Brel, Piaf, Ferré, Gainsbourg… Il n’y a pas une année, aux Francofolies de Montréal, sans que la classe québécoise ne se réunisse pour chanter les grands de la chanson française. Chez nous, c’est plus rare même si le Printemps de Bourges affectionne de temps en temps produire une création originale, comme ça a été le cas par le passé pour Lhasa. Cette année, ce n’est pas Billie Holiday ni Edith Piaf dont on célèbre le centenaire de la naissance qui ont été fêtées à Bourges mais bien Nina Simone, décédée en France en 2003 à l’âge de 70 ans.

Sans raison apparente sinon l’envie pour neuf jeunes chanteurs et chanteuses de partager un moment exceptionnel autour d’un répertoire qui l’est tout autant.

Mardi soir, le fossé des générations était énorme entre les ados et pré-ados réunis en masse pour remplir, comme jamais cette semaine, les 6000 places du chapiteau occupé par Blacko, Soprano et Black M. Alors qu’à deux pas de là, au palais d’Auron, les aînés sagement assis pour entendre l’hommage « Autour de Nina » étaient dérangés par les basses d’une sono tonitruante qui faisaient trembler les murs.

Chanter Billie Holiday à moins de 30 ans est peut-être une inconscience mais pas Nina apparemment. L’Anglaise Lianne La Havas le prouve dès l’ouverture de la soirée, soutenue par un imposant orchestre où cordes et cuivres donnent le ton. La suivront Hugh Coltman, Hindi Zahra, Yael Naim, Sly Johnson, Camélia Jordana, Camille, Ben l’Oncle Soul et Sandra Nkaké.

Tous se sont pliés avec humilité et sensibilité au répertoire exigeant de la grande chanteuse, compositrice, pianiste et activiste américaine qui, entre musique classique et jazz, a forgé une œuvre originale, dense, grave et lourde de sens. « Sinner Man », « Feeling good », « Just Say I Love Him », « My Baby Just Cares For Me », « I Put A Spell On You »… Autant d’hymnes que cette jeune classe n’a sans doute pas sublimés mais a repris avec coeur et passion. Le blues et la douleur ont majoritairement trusté ces 80 minutes de concert, avant la libération tous ensemble sur scène, pour un feu d’artifice plus festif qui permit à l’orchestre de montrer toute sa force de frappe et le remarquable travail de réarrangement des chansons. C’était Nina Simone, une des plus grandes personnalités de la musique du vingtième siècle !

THIERRY COLJON

PHOTO BERTRAND GUAY/EPA.


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