A côté de Wovenhand et Mudhoney, têtes d’affiche de cette édition 2015 qui se déroule ce 1er mai, on peut aussi tenter les découvertes. Au Roots & Roses, le directeur lui-même est aux fourneaux, c’est dire si l’on y soigne le public. Et les artistes !
Même avec cinq éditions « in ze pocket », l’événement reste un facteur de stress pour son organisateur. Et de six ? Oui, mais nouveau programme, nouvelle affiche, bref, nouvelle aventure implique à chaque fois de repartir quasiment de zéro. « Le jour où on ne stressera plus, commente Fred Maréchal, c’est qu’on n’a plus le feu sacré ! »
Avec ses 2.700 spectateurs en moyenne, le Roots & Roses est, comme le disait l’un d’entre eux, un petit festival d’une certaine importance. « C’est à la fois un petit festival parmi les grands, et un grand festival parmi les petits. Nous avons des contraintes liées à la taille de l’événement, comme le budget, la logistique, mais nous favorisons la découverte. Bien sûr, ce serait plus simple pour nous d’être sur le court terme et de choisir une programmation avec de grands noms qui sonnent aux oreilles du grand public. Mais nous avons choisi de défendre la création dans un secteur de la musique. » Lisez : avec Wovenhand, Mudhoney, Romano Nervoso, les Suisses de Hell’s Kitchen (notre photo) ou encore Daddy Long Legs, le blues-rock, le garage et autre rockabilly…
Programmé le 1er mai, le festival lessinois tombe tôt. Un peu avant la saison. Mais c’est plutôt un bon plan pour son directeur, également à la tête du centre culturel René Magritte. Affiche très ciblée oblige : organisé en juillet ou en août, il devrait clairement se passer de groupes qui auraient été sollicités par des festivals plus généralistes. « En Flandre, nos collègues du Sjock Festival, avec lesquels nous nous entendons très bien, travaillent au mois de juillet dans la même ligne de programmation que nous. Mais eux doivent composer avec la concurrence d’autres événements qui pourraient surenchérir, donc ils doivent payer plus cher certains artistes. » Au Roots & Roses, on a aussi développé une collaboration internationale, avec les Pays-Bas ou le Danemark, par exemple : « Nous faisons des offres groupées, ce qui nous permet d’avoir une affiche qui tienne la route, avec des prix relativement convenables, et de pratiquer aussi un prix convenable pour le public. »
Dans une interview donnée au magazine Humo, l’un des garçons de Triggerfinger s’amusait de ce que Fred Maréchal devenait injoignable à l’approche de la date fatidique, l’homme se plongeant alors avec délectation dans la partie catering de l’événement. « Nous fabriquons nous-mêmes tout le catering, qu’il soit destiné aux artistes ou au public. Et c’est moi qui dirige un peu les équipes de cuisiniers ! » Combler les festivaliers épicuriens est une chose, mettre les artistes en lumière en est une autre. « Cette année, nous avons choisi de placer Romano Nervoso haut dans l’affiche. Je suis certain que beaucoup de gens les ont découverts à travers la communication du festival. En tout cas les néerlandophones. Nous en avons aussi beaucoup qui flashent sur les Glücks, alors que ce n’était quand même pas un groupe super connu… Ça, c’est important aussi : offrir une scène à certains artistes, les défendre ! »
Offrir une scène à certains artistes n’est d’autre part pas négligeable dans ce petit pays qu’est la Belgique, où le tour du circuit est finalement vite fait.
« Oui, et aussi d’avoir une scène cohérente, en fonction de leur environnement musical. J’ai beaucoup de respect pour les Francofolies par rapport auxquelles notre festival est tout petit, mais chez nous, Romano Nervoso sera entouré de groupes qui font partie du même univers et sera vu par un public venu d’un peu partout mais vraiment dirigé vers cet univers-là. Le fait de les avoir programmés au Roots & Roses leur a déjà ouvert des portes, pour des concerts à venir, notamment en Flandres et aux Pays-Bas. Je pense que c’est très important pour des groupes comme Romano Nervoso, Experimental Tropic Blues Band ou Fred & The Healers, qu’il y ait une scène d’une relative importance, un festival d’une relative importance, où ils puissent jouer dans un contexte qui leur convient. »
Didier Stiers
Infos : www.rootsandroses.be
Boogietown
30 avril 2015 à 12 h 30 min
Le Roots & Roses, festival pour épicuriens | frontstage/ http://t.co/q4q0aBUHUh