C’est dans les vieilles marmites…

On connaît l’expression, qui se vérifie de temps en temps. Samedi au Graspop, on a été la mettre à l’épreuve. Avec Alice Cooper et Judas Priest, dont les débuts remontent aux années 60…

Pour le sérieux, il ne reste plus qu’à aller voir chez les vieux ! Enfin, « sérieux »… entendons-nous. Et « vieux » aussi, d’ailleurs… Prenons un Alice Cooper, par exemple. L’homme, Vincent Furnier dans la vraie vie, ne fait pas ses 67 ans. Et s’amuse manifestement beaucoup de l’accueil réservé à son personnage de méchant. Alors il y va d’un best of. Et balance d’emblée ses titres millésimés (1973) comme « No more Mr. Nice Guy », « Billion dollar babies » et « Hey stoopid » (91). La mise en scène est elle aussi un concentré : la guillotine, la machine infernale pour « Feed my Frankenstein » (et la créature géante), la camisole de force, quelques changements de costumes, l’infirmière déglinguée, des faux dollars, des colliers, des confettis, des ballons : à chaque titre son accessoire.

Frontstage - Alice Cooper - 1

Le Prince of Darkness, le Roi du Shock Rock tient encore bien sur ses jambes et s’amuse avec ses musiciens parmi lesquels on a un peu de mal à ne pas fixer Nina Strauss, sa guitariste. La demoiselle a rejoint le groupe l’an passé après diverses collaborations. Entre autres : des concerts en Afrique avec Jermaine Jackson et des prestations pour le Los Angeles Kiss, une équipe de foot (américain) qui compte Gene Simmons et Paul Stanley (de Kiss, donc) parmi ses proprios. Sourire et dextérité : ce n’est pas vraiment « Welcome to my nightmare » ! Plutôt les vacances : comme il se doit, « School’s out » (1972, dites donc) est servi en rappel, avec l’habituel clin d’œil à Pink Floyd (« Another Brick in the Wall Part 2 »). Classique, que tout cela. Peut-être, mais quand le plaisir est communicatif…

Il y en a à qui les lendemains de veille donnent le teint rosé et la voix claire. Comprenons-nous : Judas Priest, la bande à Rob Halford, était vendredi au Hellfest, où le Britannique donnait des inquiétudes au journaliste du Monde. Je cite : « La performance du chanteur à la voix suraiguë fait peine à voir (et parfois à entendre). » Bim !

Quid du Graspop, alors, où les Anglais étaient déjà en 2008 ? Rien à signaler, mon Général. On sait depuis vendredi que côté main stages, le son est loin d’être top, mais Halford n’a pas encore l’air d’être grabataire, et ses cordes vocales tiennent le choc auquel il les soumet plus d’une fois. L’homme manifeste lui aussi son contentement. Ou, comme il le disait la veille lors d’une conférence presse : « C’est ce qu’il y a de génial avec la nouvelle génération de fans de metal, ils ne s’attachent pas au nombre d’années depuis lesquelles vous êtes là, ils se concentrent sur la qualité de votre travail, si vous êtes capable de sortir de grands albums et de bonnes chansons, de monter un spectacle de qualité, alors aucune raison de s’arrêter. » (source : France 3 Régions)

En fait, ici aussi, les regards se posent souvent sur le guitariste. Le « jeune », dans ce groupe né voilà 45 ans, qui compte parmi les pionniers du heavy metal, et fait précéder son arrivée sur scène du « War pigs » de Black Sabbath. Richie Faulkner est britannique lui aussi (Londres) et joue avec Judas Priest depuis quatre ans. En gros, c’est le genre de mec qui a dix doigts à chaque main et te fait des solos en te regardant droit dans les yeux ! Parfait pour agrémenter un set considérablement plus long que celui de l’autre « papy » du jour. Un poil trop long peut-être, mais Halford a une idée très précise de la façon dont tout concert de metal qui se respecte doit se dérouler. Avec l’indispensable ballade. Ici, c’est « Beyond the realms of death », un titre qui date de… 1978 !

Didier Stiers
(Photos : Mathieu Golinvaux)

 

Setlist Alice Cooper : Department of youth – No more mr. Nice Guy – Under my wheels – Billion dollar babies – Hey stoopid – Dirty diamonds – Welcome to my nightmare – Go to hell – Feed my Frankenstein – Ballad of Dwight Fry – I love the dead – I’m eighteen – Poison. Rappel : School’s out

Setlist Judas Priest : Dragonaut – Metal gods – Devil’s child – Victim of changes – Halls of Valhalla – Turbo lover – Redeemer of souls – Beyond the realms of death – Jawbreaker – Breaking the law – Hell bent for leather. Rappels : Electric eye – You’ve got another thing comin’ – Painkiller – Living after midnight.

 

Bonus : le concert du Graspop en 2008… avec un Rob Halford en tenue un rien plus farce que cette année.

 

Didier Stiers

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