C’était pas mauvais, c’était très mauvais, ce premier « concert rap » de l’édition 2015. La faute à un son tout pourri, mais pas que… Pété au Kidibull, l’ingé-son de ILoveMakonnen s’endort sur sa console. Des milliers de tympans se dissolvent dans le torrent d’infrabasses… Ça ressemble à un statut Facebook (et c’en est un, d’ailleurs), mais c’est aussi la réalité. Et non, ce ne sont pas mes oreilles, aguerries pendant des années à coups de trucs plus improbablement bruyants les uns que les autres.
Imagine des ondes sismiques insupportables. Qui noient tout, y compris le rap de ce Californien dodu. Des vibrations qui font sauter un à un les boutons de ton 501. Dézipper la tirette de ton Superdry Corporal (et alors, pourquoi y’a que Pharrell qui pourrait faire du product placement à Werchter ?)… Décoller le flocage du T-shirt « Mother Fucker » de Faith No More dans lequel tu viens d’investir 25 ou 30 euros au stand de merchandising.
Du coup, on ne comprend rien à ce qu’il raconte, ce brave garçon d’Atlanta moulé dans sa marinière, garçon pour lequel Drake himself éprouve un intérêt certain. Et dont le futur album croulera sous le poids des guests, parmi lesquels Skrillex, Diplo, Rihanna et Calvin Cordozar Broadus Jr en personne. Et là je dis : C’est dommage ! Parce qu’un mec qui a passé un peu de temps à l’ombre (4 semaines de cachot, 2 ans sous surveillance judiciaire et 4 en liberté conditionnelle pour avoir accidentellement provoqué la mort d’un pote qui jouait avec son flingue), un mec comme lui doit avoir l’une ou l’autre bonne anecdote à livrer. En même temps, on aurait dû se douter, qu’il y aurait un binz quelque part : Miley Cyrus a paraît-il vécu une sorte d’épiphanie ovarienne dès les premiers beats de « Don’t sell Molly no more ». Et c’est connu, les trucs qui font remuer Miley Cyrus de l’intérieur n’ont en général rien à voir avec l’art.
Bref, tout ça pour dire que l’affiche 2015 de Werchter n’incluait déjà pas beaucoup de rap, et que donc là, on est déception. Totale.
Didier Stiers
(Photos : Thomas Blairon)
PS : Thomas, notre photographe, revient tout juste d’avoir été shooter les trois (réglementaires) premiers morceaux de Kid Ink et me signale que le second rappeur de cette édition a débarqué sur scène monté sur une sorte de mini Segway… Je crois que je vais aller voir Noel Gallagher.