Où est le rock (3) ?

Fidlar, ça veut dire un truc comme « fuck it dog life’s a risk ». On vous l’accorde : c’est débile. Mais quand Werchter programme du débile, on ne va pas non plus faire la fine bouche, n’est-ce pas ?

Au pied de la main stage, l’heure n’est pas à la grande foule. Trop tôt. Trop de soleil. Trop d’envie de rester encore allongé dans l’herbe, tant qu’il y en a. Trop de migraine peut-être pour certains, allez savoir. Mais c’est bien comme ça : dans les espaces vides, il y a de la place pour s’exprimer. Un couple danse et s’enlace : elle porte un drapeau israélien sur les épaules, et lui s’est glissé dans un déguisement de… crocodile. Le sauna portable, quoi. A gauche, un barbu qui a une tête de Gargamel sur le T-shirt fait de l’air guitar. Nous sommes samedi, tout va bien.

Frontstage - Fidlar 1 - Crédit Thomas Blairon

Les mecs de Fidlar, eux, s’en tamponnent et jouent comme s’ils étaient dans leur garage. Avec des potes. Ou des gens qui se sont réveillés là, avec dans le fond de la bouche un arrière-goût zarbi de la party de la veille. D’ailleurs, les Californiens, dont le nouvel album arrivera en septembre, ont une chanson « about drinking beer with my friends ». Et une autre qui s’intitule « Cheap beer ». Si ça n’est pas avoir de la suite dans les idées…

Le chanteur, du moins, le principal (parce qu’ils jouent aussi sur les harmonies vocales), a déboulé sur scène dans une chemisette hawaïenne et un short de plage. Si c’était la Semaine de la Mode à Werchter, ce Zac repart avec son poids en barquettes de frites/stoofvlees ! Il chante un peu comme s’il était bourré. D’ailleurs, il a une tête de bourré. Peut-être même qu’il l’est, bourré…

Résultat : quarante-cinq minutes de concert un chouia bordélique (juste ce qu’il faut, donc), avec une petite couille technique, mais aussi un rien Black Lips, un rien Presidents Of The USA. Encore des sales gamins, quoi ! Qui ont de qui tenir, notez, avec ce garage tendance punk/branleur : les frères Kuehn (Elvis – ça ne s’invente pas – à la guitare et Max à la batterie) ont pour père le claviériste de TSOL, groupe punk aussi, californien également, né avec les années 80.

Fidlar se trimballe sur le fil qui sépare le rock de la parodie. On vous conseille le clip de « 40oz on repeat », tiens ! Ou leurs reprises : « If it makes you happy » de Sheryl Crow, « Red right hand » (Nick Cave And The Bad Seeds), « Dammit » (Blink-182), « Lodi » (Creedence Clearwater Revival), « Carmelita » (Warren Zevon), « I don’t care about you » (Fear). Ou ce « Cocaïne » avec lequel ils terminent ici après avoir fait asseoir tout le monde : un petit clin d’œil à Dillinger. Donc oui, débile. Mais comme on aime bien.

Frontstage - Fidlar 3 - Crédit Thomas Blairon

Et Royal Blood, me direz-vous ? C’est sooo 2014, Royal Blood !

Didier Stiers

Didier Stiers

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