Où est le blues?

On se demandait où était le rock à Werchter. Et le blues, hein ? Il est là le blues…

lesoir

En Alabama ! Improbable numéro un aux Etats-Unis avec leur deuxième album Sound & Colour, les Alabama Shakes et leur incroyable chanteuse Brittany Howard, une mama black à l’énergie du feu de Dieu qui ne dénoterait pas dans un film des frères Coen, ont remué la tente The Barn. Pour une fois, la moiteur de l’endroit, l’air chaud qu’on y respirait en tentant de se faufiler parmi les corps trempés de transpiration étaient justifiés ! Du rock bien roots et bluesy juste comme il faut. Pour d’aucuns, ce fut le concert de ce dimanche. On est arrivé trop tard et resté coincé trop loin pour pouvoir en juger pleinement, mais on est tout disposé à le croire.

ben harper

On se demandait ce que venait vendre cette vieille connaissance un peu perdue de vue de Ben Harper à Werchter… Et puis, on reconnaît les vieux compères des Innocent Criminals qui l’accompagnaient dans les lointaines années 90 et, alors que le Ben se perd dans le solo de “Ground On Down”, son “Voodoo Chile” à lui, on couine de plaisir et on tilte: vingt ans depuis la sortie de Fight For Your Mind! Pour autant, Ben Harper picore dans tous ses disques, presque chronologiquement, donc pas de tournée spéciale, mais bien des retrouvailles avec son groupe. Et c’est déjà pas si mal! Surtout quand les soli de djembé enchaînent ceux de guitare. Pour tout dire, la setlist est telle qu’on a vraiment bon. Le bonhomme, assis sur sa chaise, guitare sur les genoux, pioche dans ce qu’il a fait de meilleur. Et alors qu’on devine des cheveux gris sous son chapeau, on l’imagine vieillir en vieux bluesman à la John Lee Hooker… Sauf que son côté Lenny Kravitz (ce qui n’est certes plus péjoratif depuis ce samedi – NDR) revient au galop.

Le set évolue et arrivent alors les tentations pompeuses et solennelles à la U2, type “Amen Omen”. Remarquez, c’est vachement beau. Sauf qu’il devrait engager des choristes pour le soutenir, parce qu’il n’a pas exactement la voix de Johnny Cash, le Ben… Mais comme il enchaîne avec “Burn One Down”, on lui pardonne ses mauvaises passes. Et puis, ça dérape vraiment sur “Better Way”, les appels aux cieux pour un monde meilleur, la main sur le coeur, tout ce cirque way tooooooo much! Si bien qu’on ressort de ces montagnes russes heureux, mais frustré. Le blues de Ben Harper, et ça a toujours été un peu le problème, eh bien c’est qu’il manque de bourbon! Savez ce qui lui serait bénéfique? C’est de se faire larguer et d’encaisser à coups de whisky. Imaginez le bluesman qu’il deviendrait! Sur les traces de John Lee Hooker, de Robert Johnson, même! Sauf qu’il est blindé et qu’il a des abdos… Allez! Pour l’Art, Bernard! Pour l’Art!

DIDIER ZACHARIE
Photos THOMAS BLAIRON

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SETLIST: Burn To Shine/ Glory & Consequence/ Steal My Kisses/ Ground On Down/ Roses For My Friend/ Forgiven/ Don’t Take That Attitude To Your Grave/ Diamonds On The Inside/ Masterpiece/ Amen Omen/ Burn One Down/ Better Way

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Journaliste lesoir.be

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1 commentaire

  1. ced

    1 juillet 2015 à 8 h 44 min

    Fin d’article sur le concert de Ben Harper aussi “tooooooo much! ” …

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