Les 4 et 5 juillet, les amateurs d’électro ont pris d’assaut le domaine du Château de Ribaucourt à Perk dans le Brabant flamand. La première édition d’un festival où le «green» tient le haut de l’affiche.
Pas facile de se faire une place à côté des mastodontes Couleur Café ou TW Classic. À moins de miser sur un rendez-vous qui sort de l’ordinaire. C’est la piste de la singularité que les organisateurs du festival Paradise City ont empruntée. En témoigne l’emplacement choisi pour cette sauterie électro: le château de Ribaucourt à Perk, dans le Brabant flamand.
«On voulait proposer de la musique pointue… dans un bel endroit», détaille Gilles De Decker, co-organisateur. Côté emplacement, le pari est remporté.
En entrant sur le site du festival, on se retrouve nez à nez avec le majestueux château de Ribaucourt. Les trois scènes sont dispersées sur le domaine, la plus intimiste est nichée au bord de l’eau. «On n’a pas l’ambition de devenir le nouveau Werchter. Proposer une expérience différente, authentique, c’était la condition pour lancer un nouveau festival. On a beaucoup misé sur la beauté des lieux.» Mais puisqu’un bel endroit ne peut pas séduire à lui seul les festivaliers, les organisateurs ont embrassé la tendance «green». Recyclage et énergies durables tiennent le haut de l’affiche. Du mobilier à la nourriture, tout est pensé pour satisfaire l’appétit bio des festivaliers qui peuvent se prélasser sur les transats en palettes en grignotant des brochettes de criquets ou des veggie burgers.
Le concept semble prendre: «Ça fait du bien de ne pas manger des crasses toute la journée. Et de ne pas slalomer entre les déchets», explique Margot entre deux gorgées de bière. Le site du Château de Ribaucourt a accueilli un peu plus de 5.000 amateurs d’électro en deux jours. Mais attention, Margot – et les autres – ne sont pas des festivaliers, explique Gilles De Decker: «Ce sont des citoyens du paradis». Rien que ça. «Paradise City c’est une sorte de petite ville du futur optimiste, utopique. Nos premiers citoyens seront des ambassadeurs, on compte sur eux pour promouvoir le festival. De notre côté, on va se battre pour continuer de proposer un événement intime et toujours plus respectueux de l’environnement. Et améliorer l’accessibilité».
Parce qu’avant de se déhancher sur une des trois pistes de danse, il faut trouver le site. Pas évident à en croire les témoignages: «Arrivés à la gare de Vilvorde, on pensait qu’il y aurait des navettes pour nous amener au château. On a dû prendre des taxis. Dommage pour un festival qui se veut écolo». «Une première édition c’est toujours difficile, s’excuse l’organisateur dans un sourire. On apprend de nos erreurs et on reviendra plus forts en 2016.»
Le selfie : l’autre Arne
Planté au milieu des transats en palette, des poubelles de recyclage et des tipis géants, j’ai trouvé le petit frère du Passenger. Pourtant j’ai bien vérifié, et malgré mon sens de l’orientation douteux, je ne me suis pas retrouvée à Mons. Je suis bien à Perk. Arne Quinze aurait-il fait des petits au Château Ribaucourt? Nenni. L’œuvre est le fruit d’un collectif gantois du nom d’Abstrkt. Car en plus d’avoir semé ses installations sur le domaine du festival, le collectif était l’hôte d’une des scènes du Paradise City ce dimanche, la «live scene». Triste constat, il semblerait que les Gantois d’Abstrkt soient victimes de la gravité, au même titre que l’artiste maudit de Mons 2015. Certains bâtons de l’installation se sont déjà fait la malle et on a l’impression qu’un seul petit coup de vent suffirait à faire s’écrouler l’ensemble fragile. Qu’importe, les festivaliers n’avaient pas l’air plus inquiets que ça, préférant se déhancher devant les platines des artistes sélectionnés par Abstrkt plutôt que de flâner devant leurs œuvres d’art.
Marine Buisson, photos Hatim Kaghat