La florissante 10e édition du festival Les Ardentes (du 9 au 12 juillet prochain), à Liège, accueille notamment le revenant D’Angelo, autour d’un miraculeux «Black messiah»
Los Angeles. Lundi 8 juin 2015. Il doit être à peine 19
Des nouvelles de celui qui est né à Richmond (Virginie) il y a plus de quarante ans, on n’en a quasi plus eu depuis quinze ans. Complètement détruit par l’alcool et par les opiacés, celui que l’Amérique n’attendait plus depuis les sixties soul emmenées par Marvin Gaye, effectue un retour inespéré sur les devants de la scène. En plus, et ce qui ne gâche rien, Black messiah (appelé ainsi en référence au surnom de Malcolm X attribué par le patron du FBI, J. Edgar Hoover), son troisième album est une réussite.
Sur le pavé de la même salle où s’est produit Stromae, c’est presque comme dans un film. D’immenses blacks se font le poing des bros, les sistas sont habillées comme à la cérémonie des Oscars et les effluves des parfums les plus chers s’entremêlent comme dans n’importe quel free tax de n’importe quel aéroport. Avant d’entrer à l’intérieur, pas question de faire le zouave. Il faut d’abord franchir les détecteurs de métaux. Des fois qu’un frangin débarque avec de la ferraille…
A l’intérieur, par contre, c’est la fête. Une dizaine de minutes avant le début des hostilités, un mouvement de foule au fond de la salle. On se retourne et on découvre Puff Daddy qui débarque avec son «posse». Les quatre gamins à côté de nous deviennent dingues, manquent de s’évanouir mais gardent suffisamment d’énergie pour envoyer des textos à leurs potes annonçant la présence du rappeur. Dès que les lumières s’éteignent et que les premières notes de «Ain’t that easy» résonnent, un membre du service d’ordre devient fou parce qu’il ne parvient pas à identifier les nombreux fumeurs d’herbe qui rivalisent d’ingéniosité pour ne pas se faire virer.
Sur scène, c’est le grand jeu. The Vanguard (son groupe qui compte dix musiciens et une choriste) soutient son leader, guitare en bandoulière. Très vite, les clichés musicaux éclatent. Bien sûr, D’Angelo a une voix soul à souhait (on pense souvent à Al Green) mais le concert sera funk. Funkadelic, Prince et le Chic de Nile Rodgers sont les références les plus flagrantes tout le long des 90 minutes d’un show tout simplement euphorisant.
Alors qu’on aurait pu s’attendre à des commentaires sur l’actualité (l’affaire Fergusson, les violences policières envers la communauté afro-américaine…), D’Angelo – qui alterne guitare ou piano avant de se révéler en véritable «frontman» – ne fait aucune digression, se concentrant sur un répertoire qui s’avère un solide juke-box à l’image de «Untitled (how does it feel)» de 2000 et joué en rappel devant un parterre extatique.
D’Angelo en concert le dimanche 12 juillet à 23h30.
Philippe Manche