Sur la plaine de la Machine à Feu, le ska est japonais. Et Dario Mars sonne la charge rock de (presque) grand matin.
Le Nippon est retors ! Le Tokyo Ska Paradise Orchestra, des habitués, jouent ce jeudi sur la scène en plein air. Le thermomètre affiche 30 degrés facile. Le moindre centimètre carré d’ombre se vend au prix du gramme de scandium… Et ces dingues-là, tous dans leur costume bleu, ne balancent que des morceaux qui mettent des fourmis dans les jambes. Des originaux et des covers, « One step beyond » par-ci et du french cancan par-là, on vous laisse imaginer l’accueil… Pour beaucoup, Dour reste synonyme de fête. Il n’a pas fallu attendre longtemps, mercredi soir pour se le rappeler. Le jour supplémentaire, à l’enseigne de Mons 2015, était l’occasion pour Stephen et David Dewaele, alias 2 Many DJ’s, de se retrouver aux platines. On les a connus bien plus inventifs, les rois du mash-up appréciés par Bowie himself. Mais les 30.000 festivaliers (et des poussières) massés face à la main stage n’ont pas eu besoin de plus qu’un bout de Human League, une bribe de « Blue monday » et du refrain d’« Alright » de Supergrass glissés entre les beats de cultivateur pour s’éclater, multiplier les allers-retours au bar et finir torchon chiffon carpette.
Se lever tôt le lendemain, dans ces conditions, relève d’un Iron Man. Enfin, « tôt »… Disons 13h30, pour aller voir Dario Mars & The Guillotines au Dance Hall. Point de dance dans ce que jouent et chantent Bineta Saware, Renaud Mayeur et leurs comparses, mais du spaghetti-western-voodoo-garage (sic). Comme on dit, tant pis pour les absents, ils ont vraiment eu tort ! D’être passés à côté de la dose de rock qui les aurait requinqués pour la journée. Jusqu’ici, le groupe (« jeune », malgré le passé de ses membres dans d’autres formations) n’a pas encore fait beaucoup de grosses scènes, plutôt des clubs. Est-ce facile de tout donner devant peu de monde ? « Je n’ai jamais fait un concert autrement, nous dit Renaud Mayeur, en fin d’après-midi. Le jour où ça ne sera pas comme ça, j’arrêterai. » Bineta Saware : « J’essaie d’arriver pareille à tous les concerts, qu’il y ait trois personnes, que ce soit dans un café, sur une grande scène… Je ne sais juste pas faire autrement. » Le chanteur et guitariste reprend : « Parfois, c’est l’adrénaline du monde qui est là, et parfois, c’est l’adrénaline du monde qui n’est pas là. Tu te dis : « P… de m…, ils sont quatre, eh bien, on va leur en donner pour leur pognon ! » C’est la même énergie, positive ou négative. » Et l’autre voix du groupe de conclure : « C’est la guerre, quoi ! » C’est vrai, Dour, c’est parfois un peu la guerre…
Un petit regret, du coup : que la Wallonie ne pousse pas ses groupes comme le font les Flamands. Aux débuts de Triggerfinger, rappelle Renaud – il a joué de la basse avec eux -, les mecs se sont retrouvés sur des grandes scènes à 15h devant des 20.000 personnes… « Je trouve ça dommage… Ils auraient pu nous programmer une heure plus tard, et on leur aurait mis une putain de branlée ! » Aucun grief à l’égard des programmateurs cela dit, et le groupe poursuit sa tournée content d’être passé par Dour ! L’interview débrief se poursuit, toujours à l’ombre (c’est peut-être la guerre, mais nous ne sommes pas fous)… Renaud Mayeur évoque le prochain album de Dario Mars & The Guillotines. La production en sera plus léchée. Il sonnera, selon lui « un peu plus seventies et un peu plus apocalyptique. »
Didier Stiers
(Photo Tokyo Ska Paradise Orchestra : Mathieu Golinvaux)
luz__blanca
17 juillet 2015 à 13 h 27 min
Dour, c’est parfois un peu la guerre | frontstage/ http://t.co/msmtNc8IDj
Origami_music
17 juillet 2015 à 22 h 01 min
RT @didierstiers: À #dour2015, le #ska est nippon. Et le rock de Dario Mars, made in #Wallonia.http://t.co/ud678FGyw2