Et la tradition dans tout ça? Les parrains du hardcore français revenaient à Dour pour la « sixième ou septième fois ». On en a profité pour tailler la bavette avec leur chanteur Reuno.
C’est aussi ça qui fait plaisir à Dour. Le festival a beau avoir évolué (avec succès) vers des pointures electro dans sa programmation, les traditions perdurent. Ainsi, le groupe punk hardcore (on parlait de « fusion » au début des 90’s, dans la mouvance de Rage Against The Mahchine) Lofofora, habitué des lieux depuis ses débuts revient en terre hennuyère : « On est venu lors de le troisième ou quatrième édition, se souvient Reuno. C’est ici qu’on a rencontré Deviate. Il y avait Biohazard en tête d’affiche. Bon souvenir ! »
1989, donc. Année de naissance de Lofo et de Dour. Comme si les deux partagaient aussi un même esprit, celui hérité de la scène punk alternative française des années 80 : « 1989, c’est aussi l’année où les Bérus se sont séparés. C’est vrai que beaucoup de gens nous voyaient comme les héritiers de cette scène alternative. Mais à dire vrai, je n’ai jamais vraiment été fan de ces groupes – notre bassiste l’est beaucoup plus. Moi, j’étais surtout dans la scène hardcore américaine et les débuts du rap. Et puis, les vrais alternos nous crachaient un peu dessus parce qu’on avait signé chez une major, Virgin en l’occurrence. Moi, je trouvais ça dément, c’était le même label que les Sex Pistols ! Dans l’oeil du public, c’est resté comme une scène sacro-sainte alors que si l’alternatif français s’est disloqué, c’est justement à cause des histoires de pognon, des trucs sordides pires que ce que tu pouvais voir dans les majors ».
Reuno est affable. Et il aime parler. Alors on discute. De politique, tiens, lui dont les textes nous parlent des affaires de la cité, du fait de « vivre avec les autres en société ». « La politique, en France, c’est No Future ! On va se retrouver bientôt sans gouvernement comme vous avez eu en Belgique. Les gens ne croient tellement plus en personne, les politiques sont tellement tous vérolés que… Y a zéro leader ». Le FN ? « J’ai encore la chance de vivre dans une municipalité où il n’y a pas de liste FN, à Montreuil, en proche région parisienne. Mais c’est pas le cas dans d’autres municipalités où t’as eu le FN à des 40% aux dernières élections. Ça fait super flipper. Tout ce qu’on espère, c’est que le père balance des gros dossiers sur sa fille, genre un film de cul qu’aurait fait Marine en son jeune temps ! »
De Charlie et du 11 janvier : « Ce qui m’a amené au punk rock quand j’étais adolescent, ça a été de croiser sur ma route culturelle des gars comme Cavanna, le professeur Choron, Reiser, qui étaient les vrais fondateurs et les plus vitriolesques. Là, Charlie, je trouvais leur acharnement sur la fibre islamique parfois un peu vain. Attention, c’est super triste, hein, et je n’excuse absolument rien. Mais le 11 janvier, cette récupération de chacun alors que le journal allait disparaître parce que personne ne l’achetait, et puis le manque de débat, j’ai trouvé ça juste obscène ».
On parle de la jeune génération hardcore française, aussi : « Elle existe mais dans une veine beaucoup plus internationale. A l’instar de Gojira dans un style plus metal, il y a beaucoup de groupes français qui sont limite plus connus à l’étranger qu’en France ». « Sinon, ça m’arrive de faire un peu le parrain vis-à-vis de groupes qui sont dans les Smac, ces salles financées par les pouvoirs publics où t’as des budgets alloués pour faire venir des gens afin d’aider les groupes à se perfectionner. Des noms ? Il y a ce groupe picard, Anorak, qu’on a invité à faire notre première partie. Verdun, de Montpellier, qui font un truc très doom. Ou Seven Weeks de Limoges, plus stoner, mais très créatif ».
Et Lofofora dans tout ça ? Une chose est sûre, ils ont foutu un sacré bordel sur la Cannibal Stage en milieu d’après-midi ! Entre nouveaux titres, reprise du « Amsterdam » de Brel version Parabellum (hommage à Schultz mort fin 2014), Reuno, sa grande gueule, ses yeux de fous et sa troupe ont fait suer la populace qui ne s’est pas privée pour y aller à fond les ballons : pogo, circle pit, on a même vu Pompon faire du crowdsurfing et « qui c’est qui sniffe du poppers ? Ça sent jusqu’ici, ‘tain. T’es fou, tu vas te chier sur les guiboles, tu comprendras rien à c’qui t’arrives! »
Un concert qui a en fait démontré ce que Reuno nous racontait plus tôt au sujet du titre du dernier album L’épreuve du contraire : « C’est comme dire, on continue à avancer contre vents et marées. On n’a jamais vendu suffisamment de disques pour se reposer dessus. Aujourd’hui, avec internet, c’est comme si on n’avait plus droit au 13e mois. On est passé de « modeste » à « précaire », mais on tient toujours ».
…
En fait, ça va pas du tout cette conclusion. On va plutôt revenir au concert. Après le premier titre, le fort en gueule rugit déjà, dégoulinant de sueur, prêt à mettre le boxon comme il faut: « On m’a rappelé un truc de fou tout à l’heure. Vous savez quoi? La première fois qu’on est venu à Dour, c’était il y a exactement VINGT ANS, BORDEL DE MERDE ! Et non seulement on est toujours là, mais on a toujours la GAUUUUULE !!! » Voilà. C’est ça l’esprit !
Propos recueillis par DIDIER ZACHARIE
Photos MATHIEU GOLINVAUX
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YMdF1954
17 juillet 2015 à 19 h 37 min
Lofofora a toujours la gaule | frontstage/ http://t.co/vHi5orAV3f
lesoir
17 juillet 2015 à 20 h 12 min
RT @frontstage: #dour2015 #Lofofora a toujours la gaule > http://t.co/acizslxPP8 @lesoir
labelathome
20 juillet 2015 à 11 h 13 min
Lofofora retourne (une fois de plus) la Belgique au Official Dour Festival !
Le Soir vous raconte leur moment… http://t.co/CaIw23NZh7
lofofora_
20 juillet 2015 à 16 h 42 min
http://t.co/v04wXH7fdj
Merci Didier Zacharie! http://t.co/PsFa7rbkfc