To Goat to be true

Commencer sa soirée avec Fat White Family, la poursuivre devant Goat et l’achever face aux platines d’Acid Arab : si ça n’est pas un trip psychédélique, ça y ressemble en tout cas furieusement. Un vendredi soir au Pukkel…

Si Fat White Family avait été un film, on l’aurait évidemment intitulé Affreux, sales et méchants. Clair que ces Londoniens ne sont pas là pour plaire aux amateurs de looks un tant soit peu coordonnés. Où aux coiffeurs branchés : le pompon va au saxophoniste du groupe, manifestement inspiré par ses albums Panini des joueurs de foot des années 80. Pour la gravure de mode, on repassera donc. Par contre, pour la tension, la densité et ce sentiment qu’à tout moment, ça peut déraper, on est clairement à la bonne adresse.

Frontstage - FWF

Lias Saudi, le chanteur fan de Mark E. Smith (The Fall), est déjà torse nu, le fute qui menace de se faire la malle. Mais quelle p… de présence scénique ! Et pas seulement quand il décapsule une bouteille de bibine avec les dents ! Le groupe qui l’entoure a déjà subi quelques changements de personnel ; la presse britannique les a encensés mais leur prédit néanmoins une implosion, à terme… Pour l’heure, Fat White Family à la Wablief, c’est grosso modo ce qui nous manquait chez Black Mountain, il y a quelques mois à l’Orangerie : ce truc psyché un peu plus cracra, vicelard aussi.

Quand vient Goat, il n’est bien entendu pas encore question d’atterrissage ! Drôle de cérémonie que celle à laquelle nous convient les Suédois de Korpilombolo. Les musiciens sont masqués, comme les deux chanteuses et danseuses costumées. Si cérémonie il y a, ils ont en tout cas quelques titres adéquats : « Talk to god », « Gathering of ancient tribes », « The light within »… Les genres se mélangent, mais de genres, uniquement ceux qui font décoller ! Pas étonnant donc – mais diablement excitant – d’entendre de l’afro beat dans cette setlist qui groove de bout en bout.

Frontstage - Goat 2

Résultat : les déguisements ne font pas sourire (c’est pas CocoRosie, ces cocos-là), on y croit, on s’y laisse prendre et on veut bien valider les rumeurs de séances vaudoues qui courent sur leur compte ! Il y a des concerts dont on ressort avec un mal aux esgourdes qui dure des semaines. De celui-ci, on revient avec les genoux animés de curieuses décharges spasmodiques. Allo, dieu, c’est toi qui parle à mon ménisque ?

Jamie XX au Dance Hall ? Acid Arab à la Wablief ? Va pour la Wablief, alors ! Pas forcément par esprit de contradiction, mais parce qu’un jour, on a entendu le remixe d’Omar Souleyman commis par Crackboy… Et puis, parce qu’on a envie de poursuivre le trip. Acid Arab, c’est évidemment dansant, comme l’est l’acid house, et évidemment orienté… oriental, bref, complètement hédoniste. Aux platines : les frenchies Guido Minisky et Hervé Carvalho, fascinés entre autres par la scène électro chaâbi, qui publient des plaques collaboratives chez Versatile mais se retrouvent ici dans leur métier de base. Un festivalier déboule, tel un loukoum déguisé en bédouin : c’est fou ce qu’on peut faire avec deux essuies…

Petit récap’ sur le coup d’une heure du matin : décidément très bien, cette soirée à la Wablief. Une soirée « offerte » par Mauro, l’homme d’Evil Superstars, pour l’occasion « curateur » d’un jour. Et qui sera à l’œuvre ce samedi avec ses revenants… Vivement !

Didier Stiers
(Photos : Mathieu Golinvaux)

 

 

Didier Stiers

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