La cuvée 2015 de Bob Dylan est un grand cru

Lors d’un concert en deux parties (dont une deuxième plus rock) et épaulé par son impeccable groupe, Bob Dylan (74 ans au compteur) a livré un concert classe et raffiné dimanche soir à Forest-National.

Les fans avaient beau être sceptiques quant à la pertinence de Shadows in the night, son album de reprises de Sinatra, paru en début d’année, Dylan a prouvé, entre autres choses, que les classiques de « Franky boy » revisités sur la scène bruxelloise comme « Melancholy mood », « I’m a fool to want you » ou « All or nothing at all » s’intégraient à merveille dans un répertoire qui n’est autre qu’une déclinaison à la mode Dylanesque de tout un pan de la musique américaine de plus d’un demi-siècle.

A vingt heures tapante, Bob (chapeau vissé sur le crâne, costume classieux à la mexicaine) fait son entrée sur « Things have changed », superbe chanson extraite de la bande originale de Wonder boys. Un « She belongs to me » plus tard, le public est déjà séduit pas le son assez canon qui résonne dans la salle. Le groupe peut jouer les yeux fermés et les spectateurs entendre toutes les subtilités musicales des cinq musiciens. « What’ll i do », de Irving Berlin est immédiatement acclamé. Bien sûr, la voix du maître est éraillée, il a tendance parfois à manger ses mots, mais l’accompagnement ultra classe et d’une élégance rare, est plus convaincant qu’à l’écoute de l’album. On retiendra de cette première partie qui s’achève après 45 minutes par « Tangled up in blue », le hanté « Pay in blood » extrait de son album Tempest sorti en 2012.

La deuxième partie, après 20 minutes de pause annoncées par Dylan lui-même, débute avec l’hommage à Charley Patton « High water ». En dix morceaux, rappel compris (« Blowin in the wind », « Love sick ») , cette deuxième mi-temps est foncièrement plus rock. Autant Bob excelle dans un registre country ou plus Nouvelle Orléans (« Long and wasted years »), lorsqu’il s’agit d’être plus « méchant », il sait y faire aussi. Principalement derrière son piano (aucun morceau à la guitare) ou debout face au public, Bob Dylan aura comblé ses ouailles avec une facilité quasi déconcertante. La prolongation du concert arrive chez les disquaires vendredi prochain (le 6) avec la sortie de The bootleg series, Vol. 12 The cutting edge, consacré aux années 1965-1966. C’est déjà Noël, en somme.

PHILIPPE MANCHE


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