New Order en apesanteur à l’AB

New Order a retrouvé l’AB vendredi pour un concert exemplaire. La puissance, tant visuelle que musicale, était bien au rendez-vous deux heures durant.

Il y a des concerts qui vous marquent une vie, vous hantent à tout jamais, quitte à en sublimer et magnifier le souvenir. Celui qu’a donné New Order au Manhattan de Louvain, le 17 décembre 1985, est de ceux-là. Une heure, sans rappel, sans fioritures. Une messe dite sans un instant superflu. C’était il y a trente ans. Ceux qui y étaient s’en souviennent encore. Certains étaient là, vendredi à l’AB. D’autres, plus rares, étaient dans cette même Ancienne Belgique les 15 mai 1981 et 15 avril 1982. Bernard Sumner, lui, s’en souvient en tout cas. C’est la première chose qu’il a dite en montant sur scène, tout heureux de retrouver cette salle qu’il affectionne tout particulièrement. C’est là que le 17 octobre 2011 il avait présenté le nouveau New Order, sans l’emblématique Peter Hook à la basse.

Quatre ans plus tard, nous revoilà. Gillian Gilbert a retrouvé son poste derrière les claviers, son mari Stephen Morris étant toujours derrière les fûts. Phil Cunnigham est à la guitare et c’est Tom Chapman qui, à la basse, a la lourde tâche – pour ainsi dire impossible- de faire oublier Hook. Faut dire que ce dernier, en studio avec cette sonorité si particulière comme sur scène avec sa basse à hauteur des genoux, personnifiait tellement le son New Order qu’on donnait peu de la peau du groupe sans lui. Et puis voici que l’album Music Complete est arrivé et, comme par magie, le groupe a retrouvé toutes ses sensations, ce style qui n’appartient qu’à lui et qui a influencé toute la planète électro.

Dans la salle, les jeunes ont beau être minoritaires, ils sont bien là pour vivre un moment d’histoire. Pas plus que leurs aînés, ils n’auront été déçus. Si les cinq premiers titres du dernier album sont bien de la partie, ils s’intègrent parfaitement aux incunables du groupe, comme “Ceremony”, le premier single, qui déboule très vite. Avec cinq grands écrans, le visuel a de quoi impressionner, entre graphismes et vidéos chocs. “Your Silent Face” est un tout grand moment, avant que “Bizarre Love Triangle” ne mette la salle sans dessus dessous. Mais ce n’est encore rien avant les quatre derniers titres qui frôlent la perfection: “Blue Monday”, “The Perfect Kiss”, “True Faith” (avec le clip revisité) et “Temptation”. Bernard assure le show quasiment seul, ses comparses restant fidèles à ce “low profile” propre à la formation.

Le rappel sera consacré à un double hommage à Ian Curtis, le chanteur de Joy Division mort en 1980, laissant Sumner et Morris aussi désemparés que Peter Hook. “Atmosphere” et “Love Will Tear Us Apart” de Joy Division, sont la touche finale d’un concert exemplaire. A aucun moment, New Order n’a paru daté ou se jouant de nos souvenirs. Toujours aussi puissant, il a toute sa raison d’être en 2015. Un rare privilège qu’il partage avec The Cure: susciter des émotions fortes et tendres à la fois, sans jamais tomber dans le syndrome du vieux groupe sur le retour. On peut parler de miracle !

THIERRY COLJON
photo LAURA DE CLIPPELE.

SETLISTE

Singularity
Ceremony
Crystal
Age of Consent
5 8 6
Restless
Lonesome Tonight
Your Silent Face
Tutti Frutti
People on the High Line
Bizarre Love Triangle
Waiting for the Sirens’ Call
Plastic
Blue Monday
The Perfect Kiss
True Faith
Temptation
Atmosphere
Love Will Tear Us Apart


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