Nous avons écouté le nouvel album d’Adele

Après avoir vendu 25 millions de «21», on peut dire que la chanteuse anglaise est attendue.

«25» ne surprend plus mais séduit énormément.

En vendant 25 millions d’exemplaires de son album 21, alors que la crise du disque est passée par là, Adele est entrée dans l’histoire de la musique. Ce disque reste le plus vendu de la décennie. C’est dire si son successeur, quatre ans après, est très attendu, sinon le plus attendu de l’année.

Il suffit de suivre le compteur de vues YouTube du premier single extrait de 25, «Hello» (plus de 400 millions de vues pour le clip signé Xavier Dolan) pour s’en convaincre. Le second extrait révélé dans la foulée, «When We Were Young», en version live, s’est contenté de 6 millions de vues mais il ne s’agit là que de teasing stratégique, comme sa participation aux NRJ Awards, la campagne de pub dans le métro et le concert de mardi au Radio City Music Hall de New York… avant l’envoi, mercredi, à cinq médias belges seulement du lien d’écoute de ce déjà fameux 25.

Même s’il est toujours difficile de juger un disque après une seule écoute, on peut aisément dire que ce disque va plaire aux nombreux fans de la belle Adele. Elle s’est attachée à écrire des chansons qui lui ressemblent. Après l’album du break up (la rupture), voici celui du make up (le renouement): «Je fais avec moi-même, avec le temps perdu, pour tout ce que je n’ai pas fait», dit-elle. Et ce sont justement ces morceaux-là qui nous séduisent le plus, ceux qui tranchent avec «Hello», «When We Were Young» ou les piano-voix «Remedy» et «Love In The Dark» trop proches ce qu’elle nous a livré par le passé.

On préfère de loin «Send My Love (To Your New Lover)» et son beat pseudo-électro à la gratte acoustique, son rythme joyeux et son côté choral, à reprendre en chœur lors de soirées bien imbibées. Idem pour «I Miss You» également très bien rythmé. Les différents producteurs et compositeurs (Greg Kurstin – deux fois, comme Paul Epworth–, Ryan Tedder, Max Martin, Brian Burton – alias Danger Mouse -, Samuel Dixon et même Bruno Mars avec «All I Ask» et le Canadien Tobias Jesso Jr.) sont ici au service d’un style et d’une voix. La patronne, c’est Adele. Et ce disque ne pouvait davantage lui ressembler. À croire que ses partenaires sont totalement interchangeables.

L’ensemble est bien sûr hypersoigné. Cordes et chœurs n’étouffent jamais la voix exceptionnelle d’Adele, son atout majeur. Comme pour ses précédents albums, cette voix chaude et forte nous refile la chair de poule. C’est sidérant comme son timbre profond et clair à la fois touche au plus près de l’émotion pure.

Prenons «Million Years Ago» où la voix d’Adele n’est accompagnée que d’une guitare sèche. C’est d’une telle beauté, d’une telle simplicité que c’est à en pleurer. À côté de sa force vocale, Adele peut aussi compter sur ses talents de mélodiste, tellement impressionnants qu’on en oublie un peu les thèmes récurrents d’un disque tournant quasi exclusivement autour du temps qui passe, de la mélancolie, de la nostalgie, des rêves évanouis, du manque…

Plutôt que de chercher à nous surprendre – ce qu’elle ne fait pas du tout ici à une ou deux exceptions près – Adele s’attache à nous offrir ici le disque le plus honnête et le plus émouvant possible. Quitte à énerver ceux qui ne supporteront pas de l’entendre à la radio à longueur de journées.

THIERRY COLJON


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