Le vent qui pousse Guy Garvey

L’homme d’Elbow s’échappe en solitaire le temps d’un album qui lui a permis de s’amuser à jouer les explorateurs

Mister Garvey se roule une petite cigarette. Le room service vient de déposer le double scotch qu’il s’est commandé. Le temps de s’installer face à la fenêtre ouverte de sa chambre – en cette fin octobre à Bruxelles, vu le réchauffement climatique et les oiseaux dans le jardin, ce serait même presque agréable – et c’est parti, sur ce ton affable qu’on lui connaît…

Ces jours-ci, tout le monde doit vous poser la même question, alors allons-y : pourquoi ?

Ah oui, tout le monde me le demande, et ma réponse s’affine à chaque fois ! Disons que ça tient au fait d’avoir passé les 40 ans (NDLR : il en a 41), au nombre d’albums sortis avec le groupe et l’envie d’encore faire des choses. Il y a 5 ou 6 ans, j’ai réalisé que c’est le travail qui me rend le plus heureux. Ecrire des chansons. Je voulais simplement en faire plus, et je savais que je pouvais le faire sans empiéter sur l’agenda d’Elbow. Les autres étaient d’accord, et moi, ça me donnait l’occasion de travailler en compagnie de gens avec lesquels j’ai toujours voulu travailler. Mais la raison principale, c’est l’envie de laisser quelque chose de substantiel derrière moi quand je quitterai ce bas monde.

Vous avez dû demander la permission à vos camarades d’Elbow, sérieusement ?

Oui ! Je n’aurais en aucun cas pu faire cet album solo sans le succès d’Elbow. Dans ce sens, je me devais donc de leur demander. Et si ça les avait ennuyés, je ne m’y serais pas mis. Mais ils m’ont vraiment encouragé. Au départ, ils étaient un peu surpris, genre : « Ah bon ? Pourquoi pas ? » J’ai eu l’occasion de travailler sur quelques collaborations au fil des ans, eux aussi d’ailleurs, mais un album solo, c’est encore autre chose. Je me souviens avoir dit à Pete Turner (NDLR : le bassiste) que j’appellerais si j’avais besoin d’un guitariste, et il m’a répondu que je devais plutôt saisir l’opportunité de travailler avec d’autres gens. Après, quand il a entendu l’album, il m’a demandé si j’allais tourner, et je lui ai dit non. Il m’a dit que je devrais, que ça allait me plaire. Et voilà… Ils m’ont réellement encouragé !

Pourquoi ne vouliez-vous pas tourner ?

Je ne l’avais pas envisagé. Je voulais juste être en studio, écrire les chansons… Après, c’est en m’apercevant qu’il y avait quand même pas mal de morceaux up tempo que je me suis dit que ce serait pas mal. En réalité, j’aime beaucoup me retrouver dans un tour bus, en hiver. La couchette est cosy ! En été, même avec le meilleur système d’air conditionné qui soit, l’air reste chaud. Mais en hiver, se glisser dans sa couchette, entendre la pluie sur le toit, se réveiller le lendemain et découvrir où vous êtes, dans une ville où un public vous attend, boire un coup avec toute l’équipe quand le concert est terminé, tout ce petit cirque itinérant : c’est incomparable. J’ai toujours aimé m’y retrouver avec le groupe, quand on tourne dans des petites salles. Les concerts n’en sont que meilleurs !

« Courting the squall » est un album solo… sur lequel on retrouve quand même pas mal de monde !

Ce que je voulais surtout, c’était écrire tous les textes, et toutes les notes. Mais je ne sais ni lire ni écrire une partition. Avec Elbow, quand je commence à travailler sur les arrangements de cordes, je me sers de ma voix, et quelqu’un d’autre prend note. J’ai toujours eu l’impression d’être un intrus, de ce point de vue. Donc ici, à l’exception d’« Electricity », j’ai chanté toutes les notes aux musiciens, ce qui m’a pas mal simplifié la vie.

Didier Stiers

 

Notre critique * * * et l’écoute intégrale sur Deezer.

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Didier Stiers

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