C’est l’heure des bilans. Avant de dévoiler votre album de l’année samedi, voici les top de nos rédacteurs. On continue avec Didier Zacharie.
10. The Shoes, « Chemicals »
Sûr, ça va mal vieillir. Mais ça, c’est pour plus tard. Pour l’heure, c’est un disque qui met de bonne humeur, part dans tous les sens, prend des chemins de traverse, crée des étages là où il n’y a qu’un rez-de-chaussée, et on ne se lasse pas. Frais, léger, casse-gueule, biture et confiture. On s’amuse et on en remet une !
09. Max Richter, « Sleep »
Un peu de beauté dans ce monde de drogués ! Max Richter est un pianiste classique, tendance néo-minimaliste (l’école Arvo Pärt, Philip Glass…) qui a collaboré avec quelques électroniciens comme Roni Size et Future Sound Of London. Son dernier concept : enregistrer la musique du sommeil, sous influence Bach. Et c’est vachement beau (avec en prime un remix signé Mogwai particulièrement alléchant – qui n’est pas sur le disque, mais qui l’accompagne).
08. Christian Löffler, « Young Alaska »
Bon, d’accord, on triche un peu. Techniquement, « Young Alaska » est sorti en 2014 sur le label personnel du Monsieur. Mais le temps qu’il s’éloigne des rives de la Mer Baltique, traverse la Forêt noire et enfin le Rhin, il était déjà 2015. Nous arrive ainsi un disque polaire, froid et lumineux, dont les nappes électroniques plongent sous la glace pour mieux s’élever vers la lumière. La cold wave est morte. Vive la techno allemande !
07. Blur, « The Magic Whip »
Ces gens réussissent décidément tout ce qu’ils entreprennent. On pensait que cet album ne verrait jamais le jour, Damon Albarn étant déjà passé à autre chose et, de toute manière, il n’en était que moyennement satisfait. Eh bien… Blur est de retour comme à la grande époque, mais en plus posé, plus mature, plus expérimenté. Et ça leur va bien au teint.
06. Ibeyi, « Ibeyi »
Du yoruba, de l’anglais, du français… De la soul, de la musique afro-cubaine, de l’electro… Le mélange est non seulement réussi, il est aussi inédit. Enfin, du nouveau!
05. Feu ! Chatterton, « Ici le jour (a tout enseveli) »
Le groupe parisien confirme avec son premier album tout le bien qu’on pensait déjà du groupe. A la fois ancré dans la tradition hexagonale (Bashung, Noir Désir suintent dans chaque titre) et lorgnant vers le dance-rock de LCD Soundsystem, « Ici le jour (a tout enseveli) » laisse paradoxalement entendre un groupe à forte personnalité, à l’image de son chanteur déclamant ses textes tel le poète. Assumant ses influences tout en les modernisant, Feu ! Chatterton trouve déjà sa place dans l’histoire du rock français
04. Abd Al Malik, « Scarifications »
Un album coup de poing : de « Allogène (J’suis un stremon) » à « Juliette Gréco », Malik et le DJ Laurent Garnier nous emportent dans leur monde violent, sec, frontal. On ne sort pas indemne d’un tel album. Les machines infernales de Garnier secouent les textes sans fard de Malik qui, pour la voix, s’entoure une fois de plus de Wallen et Mattéo Falkone. On pense à Play Blessures : la rencontre de Bashung et Gainsbourg. Ici aussi, Scarifications mettra peut-être du temps à trouver son public mais sûr que dans dix ans, ce sera un album-culte! (T.C.)
03. Sufjan Stevens, « Carrie & Lowell »
Ben… C’est beau, quoi.
02. New Order, « Music Complete »
On était parmi les premiers à hurler au scandale. Un nouveau New Order sans Peter Hook ? Et pourquoi pas les Stones sans Keith Richards, tiens ! Sauf que… Séparés de sa hooky-dépendance – cette basse comme un monolithe noir -, les Mancuniens reviennent comme libérés. Et rappellent à tous que la dance punk et autres dérivés funky met bollekes, ce sont eux qui l’ont inventé ! (Pauvres Hot Chip peinant à remixer le titre « Tutti Frutti » – et on les comprend, ce titre est parfait !) En un mot comme en cent, ce disque est un miracle.
1. Kendrick Lamar, « To Pimp A Butterfly »
En 2015, on attendait Kanye, mais c’est Kendrick qui a débarqué. Et c’est tant mieux. Manifeste Black Power, To Pimp A Butterfly est un disque-monde qui retrace toute l’histoire de la musique noire américaine et retourne les clichés liés au ghetto. Kendrick se place de l’autre côté du trottoir, pousse ses frères à résister mais aussi à prendre leurs responsabilités. Le titre « Alright » est devenu un hymne contre les brutalités policières faites aux Noirs. Voilà. En 2015, on est passé à l’heure Lamar.
jascapital_news
24 décembre 2015 à 14 h 53 min
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