La Muerte gronde dans la Nuit

Lundi, juste avant le coup d’envoi de cette Nuit Belge, c’est un Marc Du Marais et son complice DeeJ bombardés « curateurs » de la partie « chapiteau » de cette soirée de festival que nous rencontrons.

La Muerte tourne à plein régime et sans concessions, ça plaît, d’où cette manière de reconnaissance à l’affiche.

Deux « premières parties » sont par conséquent programmées avant leur propre arrivée sur scène. Pour un concert au cours duquel on réalisera vite à quel point ils ont réussi à créer un univers de bruit, de frissons et de fureur inimitable. Et lui redonner vie après grosso modo deux décennies de « retraite », sans que la créature ressuscitée, qui grogne, crie et vrombit toujours autant ne fasse son âge. Avec les trois musicos recrutés pour ce retour, La Muerte affiche en outre le meilleur line-up de son histoire, ses deux créateurs en sont convaincus. Et nous aussi, vu ce qu’on a vu (et entendu) sur scène depuis le set de mars 2015 à l’AB.

Frontstage - La Muerte - 3

La soirée débute cela dit par une curiosité plus qu’une gâterie. Bots Conspiracy se situe quelque part au croisement du concert, de l’installation et du happening… « J’ai eu l’occasion de les voir dans une galerie d’art, explique Marc Du Marais. Les gars composent de la musique pour les robots qu’ils fabriquent et qu’ils programment pour la jouer. C’est une espèce de contrepied musical à ce que nous faisons… » La créature s’appelle Scarabee, a une vague allure de Terminator, et puis aussi un peu de l’Alien quand elle agite ses petites papattes. Le tout au rythme d’une électro par moments indus mais toujours bien dark. Apéro light, cela dit : on a relativement vite fait le tour du concept, même si sa mâchoire s’ouvre et se ferme en épousant assez bien les mots scandés par l’opérateur/chanteur/artiste/bricoleur.

Frontstage - Bots Conspiracy

Réellement fascinante, là, parce qu’on franchit rapidement le stade du simple étonnement : la créature (elle s’appelle Caro Tanghe dans la vraie vie) qui accompagne les trois musiciens d’Oathbreaker, les Gantois signés sur le label américain Deathwish (Converge, Wovenhand…). Visage masqué par ses longs cheveux défaits, mains crispées sur le micro comme des serres sur une proie et manteau ou capeline noire : elle a des allures de sorcière, et ses hurlements (elle ne chante qu’un titre en tout et pour tout, ce soir) ne font que renforcer cette première impression. « Il y a quelques centaines d’années, on a brûlé des gens pour moins que ça », s’amuse Jacques De Pierpont, que ces effluves de black métal ont attiré devant la scène du chapiteau. Passé le coup d’œil et d’oreille initial, ces vagues de colère et de douleur emportent les dernières réticences. C’est qu’il y a là comme quelque chose d’une catharsis, qu’on éprouve aussi à l’écoute d’Amenra.

Frontstage - Oathbreaker

Pas étonnant… « On voulait inviter un groupe de la Church Of Ra, raconte Marc. On ne pouvait pas avoir Amenra, alors on s’est focalisé sur un side project de cette mouvance gantoise. Musicalement, ils sont plus proches de notre univers, sauf que c’est plus jeune, c’est une autre dynamique. » Son guitariste ne se trompe pas : « Ce sont des trucs qu’on n’a jamais l’occasion de voir à Bruxelles. C’est ça qui est intéressant aussi. Là, ils sont allés enregistrer à San Francisco. Et on n’en parle pas, alors qu’ils ont un gros follow up. J’espère que ce sera une réelle découverte. » Oh que oui, et une marquante !

Quitte à se voir offrir une scène en cadeau, autant en profiter pour ménager l’une ou l’autre petite surprise. Au fil du concert de La Muerte, le groupe sera rejoint par les Flamands de Vive La Fête puis les Bruxellois de Front 242. « C’est aussi une idée des Nuits Bota, trouver des guests pour faire quelque chose de spécial ce soir. » Cahier des charges : du belge, ou alors du « francophone », lisez suisse ou canadien, mais pas américain en tout cas. Mauro, de dEUS et Evil Superstars, voulait ainsi absolument en être mais jouait ce lundi à Gand. Didier : « Il m’a envoyé un mail bourré de râleries et de « nom de dieu » en flamand ! On a essayé, calculé, mais c’était vraiment impossible. On l’a aussi proposé à Franz des Young Gods, mais c’est tombé à l’eau – ça avait déjà raté en 94 -, étant donné qu’ils sont sur un projet au Brésil où ils sont arrivés dimanche. »

Frontstage - La Muerte - 3

Vive La Fête, alors ? Didier Moens s’est occupé de leur son pendant des années. « Marc et Els qui chantent ensemble, ça a un petit côté La Belle et La Bête… » En l’occurrence « Je suis le destructeur », tiré du tout récent 3 titres de La Muerte. Quant au morceau repris avec Front, énergique à souhait, c’est de leur répertoire qu’il est tiré : le classique « Headhunter ». Étonnant : sur ce coup-là, guitares et ebm font bon ménage. Un des temps forts du concert !

Didier Stiers

La Muerte sera notamment le 19 juin au Graspop et le 12 août au Brussels Summer Festival. L’occasion de faire paraître sous peu la suite de cette interview.

 

Didier Stiers

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