Quarante chansons en 2h40 : à bientôt 74 ans, sir Paul tient la forme comme il l’a démontré lundi à Bercy pour son unique date française.
Un concert de Paul McCartney relève autant de la messe que de la corde raide entre nostalgie et nouveauté. Pas facile pour celui qui est dépositaire du plus riche et du beau des catalogues du vingtième siècle de se renouveler et de surprendre. Voilà pourquoi, il ne s’en sort plus à moins de 40 chansons livrées à un train d’enfer. La nostalgie, camarade, est forcément de plus en plus présente, avec 25 titres sur 40 tirés des années 60, avec son lot d’hommages qui se succèdent sans que cela ne pose problème. Ouvrant symboliquement par « A Hard Day’s Night », Paul doit dorénavant ajouter George Martin, disparu cette année, à sa déjà longue liste d’hommages et il le fera de fort belle façon avec « And I Love Her ». John n’est bien sûr pas oublié avec « Here Today » chanté seul à la guitare du haut d’une tour illuminée, même que le public le pousse à improviser un « Give Peace A Chance » qui n’était pas prévu dans la setliste. Linda a droit à son « Maybe I’m Amazed », tout comme la très vivante et actuelle Nancy (« My Valentine ») et tout comme George avec « Something » à l’ukulele. Paul pense même à Jimi Hendrix avec la reprise de « Foxy Lady » en fin de « Let Me Roll It ». Entre Beatles et Wings, Paul remonte le temps jusqu’aux Quarrymen, avec « In Spite Of All the Danger », la première chanson enregistrée par les futurs Fab Four.
Mais le chanteur, aux traits malgré tout un peu tirés ce lundi, tient malgré tout à être très actuel, quitte à ressusciter de façon électro le très faible « Temporary Secretary » extrait de son deuxième album solo. A croire qu’il tient à nous prouver qu’il a été capable d’écrire une mauvaise chanson. Ce sera le seul moment faible de la soirée car les nouveaux « Queenie Eye » et « New » extraits de son dernier album tiennent bien la rampe, tout comme « FourFiveSeconds » repris sans Rihanna ni Kanye West, sinon en images.
« Blackbird » et « The Fool On The Hill » restent les plus beaux instants parmi les poids lourds des Beatles qu’il est obligé de reprendre, jusqu’à « Michelle » : « la seule chanson que nous connaissons en français » dit-il en français en lisant son prompteur.
Beaucoup de moments sont gravés dans le marbre et sans surprise mais c’est obligé et Paul nous a néanmoins réservé quelques surprises, comme ce « Hi Hi Hi » en remplacement de « Jet » ou le fait d’inviter sur scène un couple qui s’est fait une joie de procéder à une déclaration de mariage en bonne et due forme, et une sculpturale vestale ukrainienne transformée en chryséléphantine échappée de la pochette de Wings Greatest de 1978.
« Vous avez eu un moment compliqué, vous avez mérité cette soirée », dira Paul en faisant allusion aux attentats. Le public, heureux comme tout, ira même jusqu’à entonner la Marseillaise devant un Paul amusé qui s’attendait à tout sauf à cela. Drapeaux anglais et français sur scène, accordéon, vues de Paris… Rien ne sera oublié pour cette soirée particulière qui a marié émotion et bonheur, pop et rock, souvenirs et hommages. Tout ce qui fait d’un concert de Paul McCartney un moment toujours rare.
THIERRY COLJON, envoyé spécial à Paris
Paul McCartney sera le jeudi 30 juin, de 21h30 à 23h45, au festival Rock Werchter. Il reste des places. Infos : www.rockwerchter.be
PROGRAMME DU 30 MAI
A Hard Day’s Night
Save Us
Can’t Buy Me Love
Letting Go
Temporary Secretary
Let Me Roll It
I’ve Got a Feeling
My Valentine
Nineteen Hundred and Eighty-Five
Here, There and Everywhere
Maybe I’m Amazed
We Can Work It Out
In Spite of All the Danger
You Won’t See Me
Love Me Do
And I Love Her
Blackbird
Here Today
Give Peace a Chance
Queenie Eye
New
The Fool on the Hill
Lady Madonna
FourFiveSeconds
Michelle
Eleanor Rigby
Being for the Benefit of Mr. Kite!
Something
Ob-La-Di, Ob-La-Da
Band on the Run
Back in the U.S.S.R.
Let It Be
Live and Let Die
Hey Jude
Yesterday
Hi, Hi, Hi
Birthday
Golden Slumbers
Carry That Weight
The End